Rendre le métier d’éleveur attractif

Afin de susciter l’intérêt de la nouvelle génération pour le métier d’éleveur, la Chambre d’agriculture a organisé, vendredi 7 mars, un colloque sur l’attractivité de la profession à l’EPL Agro de Bar-le-Duc. Cet événement a permis aux quatre-vingts jeunes présents d’échanger avec les élus et les agriculteurs, afin de découvrir et de mieux appréhender les enjeux du métier.

«Comment mettre en place une organisation qui attire les nouvelles générations ?» C’est la question à laquelle la Chambre d’agriculture a souhaité répondre en organisant un colloque sur l’attractivité du métier d’éleveur, vendredi 7 mars, à l’EPL Agro de Bar-le-Duc. L’événement aura réuni pas moins de quatre-vingts élèves issus des différents établissement agricoles du département.

Aujourd’hui, la Meuse compte 1.910 exploitations agricoles, dont 71 % comportent de l’élevage. Pourtant, chaque année, de nombreux agriculteurs abandonnent l’élevage pour se tourner vers d’autres activités en lien avec le secteur.

Rodrigue Jacquot, élu à la Chambre d’agriculture, mais également éleveur en production lait, déplore un métier «souvent malmené» et «pas toujours bien considéré». «Des enquêtes dans les écoles montrent que l’élevage n’est pas toujours la première vocation. Et pourtant, travailler auprès du vivant, nourrir la France, et assurer la qualité de nos produits sont de vraies motivations» a-t-il déploré en introduction.

Renouvellement des actifs et attractivité des métiers

Anne-Charlotte Dockès, directrice des approches sociales de l’élevage à l’Institut de l’élevage (IDELE) est intervenue sur le renouvellement des actifs et l’attractivité des métiers.

Face à un nombre important de départs en retraite, le renouvellement des actifs devient un enjeu majeur pour l’avenir des productions agricoles. Si la demande de main-d’œuvre est forte, le secteur peine à recruter. «Les jeunes repreneurs ont de nouvelles attentes et veulent se sentir bien dans leurs bottes», a souligné Anne-Charlotte Dockès, qui s’appuie sur trois leviers principaux : les conditions d’accès, l’image du métier et les conditions d’exercice.

Un «exode féminin» pourrait également expliquer une part des difficultés du secteur. Entre 1977 et 2020, la mobilité sociale des filles d’agriculteurs a chuté de manière significative, passant de 40 % à seulement 6 %. «Pour mobiliser les femmes, il faut mieux prendre en compte leurs attentes spécifiques» précise la directrice des approches sociales de l’élevage, qui constate un dynamisme dans les élevages ovins/caprins, où les femmes occupent une place de plus en plus importante, contrairement aux élevages bovins (lait et viande) qui peinent à renouveler leurs actifs. «Il faut laisser une place aux femmes, cela permet de renouveler les actifs» a-t-elle ajouté.

Des éleveurs épanouis dans leur métier

Une première table ronde animée par Pascal Cerneau, directeur de la Chambre d’agriculture sur la thématique «Vis ma vie d’éleveur !» aura permis aux futurs agriculteurs de se faire une idée du métier. Sur scène, Vincent Doudoux et son salarié Théo Doyen, éleveurs en bovins lait à Saint-Hilaire-en-Woëvre, Alice Cordier, éleveuse de volailles à Beausite, Christophe Martin, éleveurs bovins viande sur la commune de Chauvoncourt et Stéphane Ermann, éleveur de moutons en Moselle se sont prêtés aux jeux des questions pour expliquer leur quotidien, leur passion pour le métier et les modèles qu’ils ont mis en place pour concilier vie professionnelle et vie personnelle.

Quand Alice Cordier se consacre à ses volailles plutôt le matin, Stéphane Ermann lui, peut compter sur son drone pour surveiller ses moutons. Et lorsque Pascal Cerneau leur demande si la solitude pèse parfois sur leur moral, Vincent Doudoux répond sans hésitation : «nous sommes bien accompagnés, on peut compter sur les OPA, on est bien entourés». Pour conclure, sur la question du revenu, tous s’accordent à dire que le métier leur permet de «bien vivre».

Des aides à l’installation

EMC2, la Région Grand Est, Sanders et l’Union laitière de la Meuse (ULM) ont été les invités de la seconde table ronde. Animée par Anne-Charlotte Dockès, les intervenants ont pu présenté des pistes pour le financement et l’accompagnement des projets d’installation en élevage.

Joris Simon, en charge du projet Ambition Éleveurs a présenté les grandes lignes du programme. D’ici 2028, la Région Grand Est et les Chambres d’agriculture prévoient d’accompagner 2.000 exploitations. Le projet comptent déjà soixante fermes de démonstration, dont six sont situées en Meuse.

Les intervenants ont tous souligné l’importance de la communication pour valoriser le métier d’éleveur. Marcelin Laratte, co-président à l’ULM souhaite mettre en place des actions de sensibilisation, notamment dans les collèges, pour lutter contre les préjugés. De son côté, Bruno Didier, président d’EMC2, encourage la «jeunesse» à utiliser les réseaux sociaux pour valoriser le métier d’éleveur, mieux faire connaître l’élevage et susciter des vocations.

«Venez dans ce métier, on peut s’éclater, mais à une condition, c’est que l’on soit encore nombreux demain !» a conclu Hubert Basse, éleveur laitier et élu à la Chambre d’agriculture, à l’intention des plus jeunes. Un appel à la relève pour garantir l’avenir du secteur qu’il souhaite continuer à valoriser collectivement «à travers d’autres actions».