FDSEA/JA : «nous n’accepterons plus de subir»

À l’occasion de la journée nationale de mobilisation du vendredi 26 septembre, la FDSEA et les Jeunes Agriculteurs ont tenu une conférence de presse à Savonnières-devant-Bar. Objectif : alerter sur une période critique pour l’agriculture française, confrontée à de multiples défis.

Concurrence déloyale, PAC, loup, renouvellement des générations : l’agriculture française traverse une zone de turbulences. Vendredi 26 septembre, les deux syndicats agricoles partenaires ont pris la parole à Savonnières-devant-Bar pour alerter sur l’urgence de la situation, dans le cadre d’une journée nationale de mobilisation.

Un modèle agricole à bout de souffle

«L’agriculture française est une richesse pour la France et pour la Meuse. Il faut la maintenir», a lancé Xavier Arnould, le nouveau président de la FDSEA, en ouverture de la conférence de presse, devant les députés et le sénateur Franck Menonville. Un message d’attachement fort, vite rattrapé par un constat alarmant. «Beaucoup d’inquiétude, beaucoup de colère, beaucoup de désespoir dans nos exploitations», a-t-il souligné, évoquant une situation jugée «catastrophique».
En cause : des prix de vente jugés insuffisants, des charges en hausse constante, et des normes qui «s’empilent» jusqu’à «étouffer les exploitations». Xavier Arnould dénonce également une concurrence internationale «déloyale, voire honteuse», qui fragilise durablement le modèle agricole français.
Pour les syndicats agricoles, la compétitivité du modèle français s’effondre sous le poids cumulé des contraintes. «Aujourd’hui, l’agriculture française est étranglée par une concurrence déloyale, des charges qui explosent, et une réglementation qui s’empile», dénonce le président de la FDSEA.
Entre normes, fiscalité et écarts de coûts avec les pays tiers, produire en France devient un exercice de plus en plus difficile. «Nous avons la capacité de produire une alimentation saine, de qualité et accessible. Mais pour cela, il faut nous redonner les moyens de produire».
Xavier Arnould pointe également le rôle des accords internationaux dans cet affaiblissement. «On est en train de sacrifier nos normes et notre agriculture face aux pressions des États-Unis ou à des accords comme le Mercosur. C’est inacceptable». Le syndicat dénonce l’absence de réciprocité dans les règles de production. «L’Europe laisse entrer des produits qui ne respectent pas nos standards. C’est une injustice économique, une concurrence totalement déloyale».
Parmi les exemples les plus préoccupants : l’augmentation massive des importations d’œufs ukrainiens. «Entre 2024 et 2025, elles ont bondi de 68 %. Et ces œufs sont produits selon des standards qui ne respectent pas le cahier des charges européen», déplore Xavier Arnould. Face à cela, les représentants syndicaux réclament des contrôles renforcés et une stricte équivalence des normes pour protéger à la fois les producteurs et les consommateurs.
Pour Charles-Édouard Gibrat, vice-président de la FDSEA, le constat est sans appel : «nous sommes dans une impasse totale. C’est un piège mortel pour l’agriculture française». Il alerte aussi sur le rôle des distributeurs : «en France, les distributeurs ne jouent pas le jeu».

PAC : une baisse de budget alarmante

Autre source de préoccupation : l’avenir de la Politique agricole commune (PAC). «Pour plus des trois quarts des exploitations, les aides Pac représentent plus que le revenu de l’agriculteur. Et on nous annonce une baisse de 20 % du budget, sans compter l’inflation», alerte Xavier Arnould.
Selon lui, l’impact réel pourrait atteindre – 30 à – 40 % de revenus pour certains producteurs. «C’est un désengagement total de l’UE. Il faut que la PAC continue à garantir la sécurité alimentaire et la capacité de production».

Pression du gibier, paperasse et découragement des jeunes

Le loup et les dégâts de gibier viennent allonger la liste des dossiers sensibles. «Nous, ce qu’on veut, c’est un cadre réglementaire clair», résume Rémy Lanterne, secrétaire général de la FDSEA. Les éleveurs, lassés, réclament des décisions concrètes face à une pression devenue insupportable pour certains.
Autre front de tension : la surcharge administrative. Pour Thomas Voisin, secrétaire général des Jeunes Agriculteurs, la bureaucratie pèse lourd, surtout sur les épaules des plus jeunes. «Le temps passé sur la paperasse décourage les vocations. On est en train de perdre une génération d’agriculteurs. Si rien ne change, nos exploitations vont disparaître». Il appelle à «moins de contraintes et plus de reconnaissance du métier».
Adrien Seners, président des Jeunes Agriculteurs, alerte lui aussi : près de 50 % des agriculteurs partiront à la retraite dans les prochaines années. Et le renouvellement n’est pas garanti. «Sans mesures fortes, l’installation des jeunes est menacée. Il faut restaurer la compétitivité des fermes et donner un cap».
Un constat que partage Xavier Arnould : «nous n’accepterons plus de subir. Il nous faut un cap clair, des décisions courageuses, et du bon sens». Et de prévenir : «C’est une alerte rouge. S’il n’y a pas de réaction, on prendra nos responsabilités. On ne lâchera rien».