Sol’Innov : des déchets valorisés en compost

Thomas Voisin a lancé début 2024 Sol’Innov, une plateforme dédiée au traitement des déchets non dangereux. Sa mission : les transformer en compost destiné à la revente. Rencontre.

Diplômé d’un bac pro agricole, puis d’un BTS Analyse, conduite et stratégie de l’entreprise (ACSE) à l’EPL Agro de Bar-le-Duc, Thomas Voisin commence à mûrir le projet Sol’Innov durant sa licence en commerce à Nancy-Brabois.
Il suit alors sa formation en alternance chez Recytec Environnement et Conseils, à Gap (Hautes-Alpes), en tant que technicien commercial. «C’est un bureau d’études spécialisé en environnement, qui propose aussi du compost revendu à des clients français», précise-t-il.

Une plateforme logistique opérationnelle 24h/24

Le projet* et l’étude débutent en 2023. La société est officiellement créée début 2025 à Gondrecourt-le-Château. Thomas y rachète deux hectares à son père, dont la ferme se situe «juste au bout». La première benne de déchets est déposée sur la plateforme le 15 mars 2025. «Cela aurait déjà dû être en place dès le 1er janvier, mais il y a eu un peu de retard», admet Thomas.
Côté logistique, la plateforme fonctionne en continu, 24 heures sur 24. Elle accueille entre un et deux camions par jour, principalement issus des déchetteries environnantes. «Les camions viennent quand ils veulent. Ils montent sur le pont-bascule, badgent à la borne avec leur carte de déchetterie et celle de leur société, vident leurs déchets, pèsent la benne, puis laissent un bon. Celui-ci est directement enregistré dans le système informatique», détaille-t-il.
Le site réceptionne plusieurs types de matières : bois, charbon et du fumier, majoritairement collectés par Thomas lui-même, sur l’exploitation familiale. La sciure et les copeaux sont collectés directement auprès des scieries locales.

Un processus de compostage maîtrisé

Les matières entrantes sont déposées à l’entrée dès leur arrivée sur la plateforme, où elles sont aussitôt analysées. Thomas effectue plus d’une dizaine de contrôles sur les matières premières avant leur traitement.
Chaque jour, il traite entre 3 et 30 tonnes de déchets, soit environ 10.000 t valorisées par an. Les déchets sont réduits de façon homogène. «J’essaie de ne pas dépasser 10 centimètres de diamètre», précise-t-il. Les matières sont ensuite mélangées de façon uniforme, puis disposées en andains (tas de compost). Des sondes de température sont insérées pour suivre l’évolution thermique du processus. «Je peux suivre les températures sur mon téléphone, c’est un gain de temps parce que je n’ai pas besoin de relever les sondes manuellement. Cela permet d’être le plus précis possible» ajoute-t-il.
Les andains sont ensuite retournés tous les 14 jours. Le processus suit un rythme bien établi : 2,5 mois de fermentation, suivis de 2,5 mois de maturation, avant une dernière phase d’un mois consacrée aux analyses. Il faudra compter environ six mois pour obtenir un compost stabilisé, prêt à être utilisé.

Une gestion quotidienne à plein temps

Sur place, Thomas orchestre avec rigueur le fonctionnement complet de la plateforme. De l’administratif à la collecte, en passant par le tri** et la transformation, le jeune entrepreneur occupe tous les postes. En parallèle, il assume également le rôle de secrétaire général des Jeunes Agriculteurs de la Meuse. «Je suis ici au moins deux jours par semaine, puis deux jours de collecte, plus une journée d’administratif», détaille-t-il.
Lauréat du Trophée de l’agriculture innovante lors des Trophées de l’agriculture organisés en marge de Verdun Expo en septembre dernier, Thomas envisage déjà la suite. Pour l’instant, il peut encore compter sur son père, mais l’évolution du projet devrait nécessiter du renfort. «Mon père m’aide, je sais que pour l’instant je peux gérer, je viens de commencer. Mais je sais aussi que plus tard, il faudra que j’embauche, en priorité un gestionnaire de plateforme».
À moyen terme, il souhaite aussi élargir ses débouchés. «Le compost part en grande partie vers l’agriculture, mais j’aimerais toucher d’autres marchés et répondre à une demande plus large», conclut-il.

(*) Le lancement de la plateforme a bénéficié d’un soutien financier important, avec des subventions accordées par le GIP (Groupement d’intérêt public) et la compensation collective agricole.

(**) Avant chaque transformation, il s’occupe personnellement d’enlever les plastiques présents dans chaque tas de branches.