Sous les klaxons des tracteurs, les agriculteurs ont fait entendre leur mécontentement à Bar-le-Duc. À travers cette manifestation, ils réclament des mesures concrètes pour contrer les charges élevées, la concurrence déloyale et les politiques publiques.
Ils ont créé de longs embouteillages en fin de matinée dans les rues de Bar-le-Duc, ils ont fait sourire les passants en klaxonnant à tout-va dans leurs tracteurs verts, rouges ou bleus, ils ont fait une omelette géante au pied des différents bâtiments administratifs de la ville, mais la volonté des agriculteurs était ailleurs, ils voulaient se faire entendre et surtout être écoutés.
Ce mercredi 3 décembre, répondant à l’appel à la mobilisation de la FDSEA et des Jeunes Agriculteurs de la Meuse, une soixantaine de tracteurs et une centaine d’agriculteurs se sont rassemblés pour, une nouvelle fois, tirer la sonnette d’alarme face à l’accumulation des décisions administratives départementales, régionales, nationales et européennes qui fragilisent durablement les exploitations agricoles.
Un symbole de résistance agricole
Un premier acte avait eu lieu une semaine auparavant, des Croix de Lorraine avaient été installées à l’entrée des villages ou sur les ronds-points stratégiques, comme un symbole de la résistance agricole.
Pour ce deuxième acte, ce sont les bâtiments de l’administration qui ont été pris pour cible. «Nous ne sommes pas là de gaieté de cœur, nous sommes là parce que l’agriculture est à un point de rupture : les charges explosent, les normes s’empilent et nous devons faire face à une concurrence déloyale» explique Xavier Arnould, président de la FDSEA de la Meuse. «Le contexte fait craindre de nombreuses difficultés notamment pour les jeunes qui souhaitent s’installer» complète Thomas Voisin, secrétaire général des Jeunes Agriculteurs de la Meuse.
Rassemblés aux diverses entrées de la ville, les manifestants ont réuni leurs tracteurs pour un défilé dans la ville, créant quelques ralentissements de la circulation. Ils se sont ensuite rendus devant la Direction départementale des territoires. Un dépôt de fumier et un lancer d’œufs ont animé ce premier arrêt, sous le vacarme des klaxons et des canons effaroucheurs.
«Nos revendications concernent les taxes carbone sur les engrais, le MERCOSUR et la concurrence déloyale, la baisse du budget de la PAC mais aussi la prédation du loup en constante augmentation et bien sûr la problématique des dégâts de gibier» souligne Rémi Lanterne, secrétaire général de la FDSEA. Il déplore également que «la Région retire 4 millions d’euros de subvention essentiellement sur les classes agricoles. C’est à cause de toutes ces décisions et ces incohérences que les agriculteurs ont décidé de manifester devant les administrations». Après la DDT, les agriculteurs avaient en ligne de mire, le centre des finances publiques, la maison de la Région, mais également la fédération de chasse.
«La Meuse est le premier département touché par les dégâts causés par le gibier. Aujourd’hui, nous venons mettre un coup de pression à la fédération de chasse. Il faut que les prélèvements soient significatifs. Le monde agricole ne peut plus supporter les dégâts» estime William Pierson, référent chasse à la FDSEA.
Après le défilé, les tracteurs se sont dirigés place Reggio, face à la préfecture pour un moment de convivialité avant de pouvoir discuter avec le préfet, Xavier Delarue. Ce dernier a affirmé être en discussion permanente avec la profession.
Un acte 3 à Bruxelles
«L’enjeu doit être rapide. Des décisions doivent être prises. Nous demandons du bon sens et que les situations évoluent. L’agriculture française mérite un cap clair, stable et durable» souligne Xavier Arnould, venu remettre un livret de solutions. «Nous revendiquons, mais nous apportons surtout des idées, car la situation n’est plus tenable».
Pour également se faire entendre au-delà du département et «pour porter haut et fort nos revendications directement auprès des instances européennes» un acte 3 est prévu, jeudi 18 décembre à Bruxelles. L’agriculture mérite plus qu’une simple écoute : elle nécessite des réponses concrètes, équilibrées et durables pour le maintien de la compétitivité et de la souveraineté.




