Be APi : «Mettre la bonne dose au bon endroit»

Sans cette carte de modulation et connaissance des besoins des parcelles, l’agriculteur aurait épandu  150 kg de phosphore partout. Ici, en moyenne il en utilisera 118 kg.

Sans cette carte de modulation et connaissance des besoins des parcelles, l’agriculteur aurait épandu 150 kg de phosphore partout. Ici, en moyenne il en utilisera 118 kg.

Julien Vignon, agriculteur à Dugny-sur-Meuse, est engagé dans la démarche Be Api depuis trois ans, aux côtés de la coopérative agricole Emc2. Retour sur cette technologie d’agriculture de précision.

Be Api est né au début des années 2000, en Normandie, dans le but de permettre aux agriculteurs de travailler au plus juste et avec davantage de précision. Cette démarche d’analyse d’hétérogénéité intra-parcellaire est aujourd’hui relayée et généralisée grâce aux distributeurs présents sur tout le territoire comme Emc2. Partenaire depuis six ans, la coopérative lorraine propose à tous ses adhérents cet outil technologique, et ce sont plus de 100 agriculteurs engagés et 13.000 hectares modulés sur la Lorraine et la Haute-Marne. «L’agriculture de précision, ce n’est intéressant que s’il y a de l’hétérogénéité dans le sol, comme ici en Meuse. Cela permet vraiment d’homogénéiser les teneurs, de maximiser le potentiel des parcelles» exprimait Gaëlle Humbert, référente Be Api au sein de la coopérative Emc2.

Un accompagnement personnalisé 

Plusieurs solutions peuvent être apportées aux exploitants : diagnostic fertilité, modulation d’azote, de densité de semis, de fongicides… «Be Api est là pour accompagner au mieux le travail et les objectifs de l’agriculteur, et lui permettre de mettre la bonne dose au bon endroit sur ses parcelles» comme le soulignait Gaëlle Humbert, expliquant les différentes étapes de la démarche : pour le diagnostic fertilité, la démarche est réalisée une fois, avec une durée de dix ans approximativement. Les sols sont donc analysés, tous les 80 ares, pour mesurer les quantités déjà présentes de potassium, phosphore, calcium et de magnésie. Pour ce faire, l’analyse remonte jusque dans les années 1940, soit avant le remembrement des parcelles, afin de disposer d’une connaissance approfondie du profil de sol. Des cartes de modulation, une pour chaque élément, sont ensuite remises à l’agriculteur qui n’aura plus qu’à les insérer, à l’aide d’une clé USB, dans la console de son tracteur. Ensuite, en fonction de la culture, il y aura ou non un besoin de rajouter tels ou tels engrais. Pour la modulation d’azote, un premier passage est effectué avec un conductivimètre afin de savoir où il sera nécessaire d’établir un profil pédologique, révélateur de la réserve utile d’eau dans le sol. En fonction du type de sol donc, la réserve hydrique sera différente. À chaque nouvelle culture implantée, des cartes de modulations seront livrées afin d’optimiser les intrants et l’azote, tout en maximisant le rendement.

Une aide à la décision

En 2020, Julien Vignon, exploitant de la SCEA du Val de Meuse à Dugny-sur-Meuse, s’est engagé dans la démarche d’analyse d’hétérogénéité intraparcellaire. 250 hectares, sur les 300 hectares de son exploitation, ont donc été analysés avec cet outil d’agriculture de précision, et après un diagnostic d’un an, il a effectué sa première modulation en 2021. «Mon but, c’était surtout de gérer les engrais. Je savais qu’il manquait du phosphore à certains endroits et les cartes de modulation m’ont permis de répondre précisément aux besoins en phosphore des parcelles. Aujourd’hui, je mets plus de phosphore qu’avant mais beaucoup moins de potassium, par exemple» explique l’agriculteur. Grâce aux cartes de modulation disponibles sur son espace internet, ces informations permettent à l’agriculteur d’adapter sa dose d’engrais, d’économiser sur les intrants et de maximiser son rendement. Sur chaque carte, comme sur celle du phosphore (voir ci-dessus), les besoins parcellaires sont matérialisés par des couleurs allant du rouge (aucune présence, symbolisée également avec la mention tant de kg de dose) au bleu (bonne présence). «Ainsi, déclarait Gaëlle Humbert, avec cette carte de modulation, l’agriculteur va épandre en moyenne 118 kg de phosphore, en adaptant selon les besoins. Sans cette aide, il aurait mis 150 kg partout». Julien Vignon et son voisin Benoît Henry, agriculteur et utilisateur de Be Api depuis 2022, ajoutent «C’est vraiment une aide à la décision, un outil qui nous conforte ou non dans nos intuitions. D’autant que cela est assez simple à mettre en place puisqu’il faut juste une console, un Gps et du matériel qui module»