Comment transmettre et bien transmettre, est la question au cœur des débats. Photo : A. J.
La transmission des exploitations et le renouvellement des générations ont été le sujet central de l’assemblée générale des Jeunes Agriculteurs. Une table ronde a permis de mieux comprendre les enjeux et les défis qui attendent à la fois les jeunes en quête de reprise et les anciens qui doivent passer la main.
A l’occasion de l’assemblée générale des Jeunes agriculteurs, le 13 février à Dun-sur-Meuse, une table ronde sur le thème «pas de renouvellement sans transmission» s’est tenue face aux jeunes, aux élus et aux représentants des OPA. Pascal Cerneau, directeur de la Chambre d’agriculture a animé cet échange.
«Avec 180 départs en retraite tous les ans pendant les six ans à venir, il n’y aura pas assez de reprise par rapport aux nouvelles installations» a constaté Xavier Arnould, vice-président de la Chambre d’agriculture de la Meuse. L’équation n’est pas bonne. «Si on reste sur une installation pour trois départs, l’agriculture changera de modèle» a ajouté Thierry Bussy, président de la SAFER (Société d’aménagement foncier et d’établissement rural) Grand Est.
«Ne pas solder l’élevage»
Le secteur de l’élevage est encore plus touché. Marcellin Laratte, co-président de l’Ulm a rappelé qu’il y avait un arrêt d’exploitation laitière tous les quinze jours dans le département. Dès la mise en route de la cession, l’atelier lait est souvent supprimé. Pourtant, «le cheptel a une valeur» a-t-il soutenu. «Il ne faut pas solder l’élevage avant la transmission» a repris Stéphane Lemoine, commercial sur le marché professionnel au Crédit agricole. Selon lui, les retraites sont faibles et certains agriculteurs peuvent «jouer la montre». «Ils font sous-traiter leurs exploitations au lieu de les céder» a-t-il expliqué. «Il y a un vrai manque de confiance de la part des cédants qui ne veulent pas transmettre. C’est un long parcours». Par exemple, pour installer un hors cadre, il faut parfois trois à quatre ans pour mettre le projet en place.
Pourtant, de nombreux outils existent pour aider à la transmission. Le Point information transmission (Pit) est en place depuis quatre ans, «mais il ne touche que trop peu de cédants et surtout trop tard» a repris Xavier Arnould. La Déclaration d’intention de cessation d’activité agricole (Dicaa) est envoyée, par la Msa, à tous les exploitants de 57 ans, mais là encore, peu de retour. Quant au Répertoire départ installation (Rdi), il ne reçoit qu’une dizaine de projets par an.
Face à ces constats, Pascal Cerneau a demandé aux intervenants une liste de solutions qui pourraient être mises en place.
Anticiper les projets
Tous se sont accordés sur l’importance d’amener les cédants à anticiper leurs projets. Certains évoquent la mise en place d’un parcours adaptable. «Il faudrait intégrer tous les partenaires dans une dynamique collective» a expliqué le vice-président de la Chambre d’agriculture. Il a souligné l’importance de la nouvelle entité France service agriculture qui aidera les exploitants dans leurs démarches. Thierry Bussy a complété ces propos : «il faudrait une stratégie de travail par département. Une cellule test en Meuse qui réunirait tous les partenaires».
Une simplification des démarches et des exonérations fiscales pourraient aussi faciliter les cessions. «Pourquoi ne pas inciter fiscalement ou socialement les dossiers d’installation hors cadre et durcir les conditions financières en cas de sous-traitance» a évoqué le commercial de la banque verte.
«Un cédant, n’a pas qu’une valeur économique. Il faut le remettre au centre de la transmission et valoriser son expérience. Il a un rôle de savoir» a tenu à rappeler Marcellin Laratte.
Pour résumer le débat, Pascal Cerneau a déclaré que pour faciliter la transmission et les installations, «il faut amener les cédants à anticiper, les placer dans un rôle de transmission des savoirs plus que dans un rôle purement économique, développer de nouvelles formes de partenariats entre toutes les structures engagées et dynamiser les rencontres». Ces axes de travail seront sans doute rapidement étudiés par le syndicat des jeunes qui a fait du renouvellement des générations sa priorité.