Étudiant et chef d’exploitation

Matéo Lilien, 21 ans, étudiant, mais déjà installé en tant que chef d’exploitation sur la commune de Réchicourt, a fait appel au Point accueil installation (PAI) pour reprendre la ferme d’une fratrie partie en retraite.

Fils et petit-fils d’agriculteurs, Matéo Lilien baigne, depuis toujours, dans le milieu agricole. Toutefois, le vingtenaire n’oublie pas de s’impliquer dans ses études. Il empoche un bac scientifique à Pixéricourt, et ses proches et enseignants l’encouragent à poursuivre ses études au vu de ses excellents résultats. Mais, quand l’occasion se présente il y a quatre ans, le jeune homme l’a saisie… tout en conciliant ses études.
En 2019, du haut de ses 17 ans, lorsqu’il n’est pas à l’école, Matéo est à la ferme. Son avenir se dessine et il doit désormais se positionner sur son futur cursus à l’Université de Colmar, où il choisit un BUT (Bachelor universitaire technologique) en Génie biologie. La ferme familiale est composée de deux associés, dont son père, qui exploitent 240 ha et élèvent 60 vaches allaitantes Charolaises. Régulièrement, ils s’entraident avec deux agriculteurs (un frère et une sœur) sur la commune d’Ollières, deux exploitants proches de la retraite, venus à la rencontre de Matéo pour lui proposer de reprendre leurs exploitations (l’une de 80 ha et l’autre de 50 ha avec quelques vaches allaitantes). Une opportunité pour ce jeune garçon, mais le COVID frappe la France en 2020. Le confinement est acté, les démarches administratives quasi à l’arrêt ; Matéo s’est déjà engagé pour son But ; il part donc pour Colmar, mais garde en tête de concrétiser son installation.

Ses démarches et ses découvertes

Les exploitants poursuivent leurs activités céréalières, mais vendent les vaches sur les années qui suivent. En parallèle, Matéo découvre le Point accueil installation (PAI), où il crée son plan économique avec le conseiller de la Chambre d’agriculture, pour déterminer si sa reprise est faisable et vivable à long terme. Il poursuit ses études et ses stages en entreprise, et continue d’apprendre. Il y découvre une réelle passion pour l’agronomie, ainsi que les spécificités du territoire de Colmar avec la monoculture de maïs ou encore la viticulture. «Des découvertes enrichissantes qui sont un plus pour ma vie professionnelle» explique Matéo.

La concrétisation

Une fois, son «parcours à l’installation aidé» effectué et son plan économique bouclé, il lui faut minimum 110 ha pour s’installer sur une structure individuelle viable. Après un passage en commission SAFER, il va pouvoir louer les 80 ha du frère exploitant, et acheter une partie des 50 ha de la sœur exploitante. «Heureusement que j’ai eu les aides à l’installation» précise Matéo Lilien. «C’est une avance de trésorerie non négligeable, qui permet un fonds de roulement pour la première année et qui est, en plus, déduit des impôts. Certes, il y a des conditions et des démarches administratives, mais cela reste minime face à l’enveloppe octroyée». Le jeune agriculteur est donc installé officiellement depuis août 2023 en individuel sur la commune d’Ollières. En effet, avec la réforme des retraites, les cédants ont poursuivi leurs activités jusqu’à la reprise des exploitations.

Ses ambitions et loisirs

Cette année, il termine sa troisième année de BUT, et compte s’épanouir dans son métier, il est actuellement en reconstruction d’un troupeau de vaches allaitantes Charolaises, pour valoriser ses 30 ha de prairies sur 126 ha. Son projet à court terme et de trouver un emploi complémentaire dans le conseil agricole, car il s’est découvert une véritable vocation pour l’agronomie et aime communiquer et échanger avec les professionnels.
À côté de son travail, il «s’amuse» à élever des pigeons paons, ainsi que des colverts et coureurs indiens, pour lesquels il construit des nids et couveuses non loin de la ferme familiale, au bord de petits étangs. S’occuper de ses volatiles lui plait et il en vend d’ailleurs quelques-uns à des particuliers en ornement.
Et enfin, comme beaucoup de jeunes de son canton, il se retrouve aux réunions cantonales JA de Spincourt pour parler du métier, mais aussi de Meuh Z’en Fête, dont il va accompagner sa petite amie Chloé pour participer au concours en planche en deux fers. Il sera son commissaire pour l’aider, et pourquoi pas concourir à la départementale voire régionale. «Ce savoir-faire est une tradition, et reste un concours national et international reconnu» précise Matéo. Il espère que le grand public répondra présent pour l’occasion.

Élisabeth REMETTER
Animatrice JA