Interbev Grand Est a organisé son rendez-vous «filières élevage» le lundi 2 septembre dans le cadre de la 78e Foire de Châlons.
L’événement «filière élevage» organisé dans le cadre de la Foire de Châlons a innové cette année. En effet, Interbev Grand Est et Grand Est Qualité Viandes ont invité pour la première fois la filière porcine. Cette dernière était notamment représentée par le Marnais Julien Casters, 44 ans, président Interporc Grand Est.
Pour le président d’Interbev Grand Est, Xavier Lerond, «c’est une très bonne chose que l’ensemble de la filière carnée puisse être représenté». Il s’inquiète de la «décroissance que connaissent tous les maillons», de l’élevage à la transformation. À ce manque de viande s’ajoutent «les achats à l’extérieur qui viennent fragiliser la filière régionale». «Aujourd’hui, on veut tout pour rien, notamment le produit phare qu’est la viande», s’alarme Xavier Lerond. «Il faut mettre de la valeur sur le produit, même si la concurrence d’autres pays n’est pas simple».
Le président appelle à «trouver le juste milieu pour pouvoir payer notre produit au juste prix et que nos concitoyens mangent de la viande en consommant local. Tout a une valeur, il faut trouver l’équilibre pour rémunérer l’ensemble de la filière». Reconquérir les marchés perdus est une priorité, en particulier dans les collectivités. Autre chantier, «rendre visibles nos marques régionales». Le consommateur doit connaître leur intérêt en termes d’impact positif sur l’aménagement du territoire, l’environnement et le bilan carbone. Xavier Lerond n’en démord pas, «il faut donner le réflexe du consommer local».
Avantage compétitif
Côté porc, Julien Casters est un homme très engagé. «Je suis éleveur à Orbais-l’Abbaye, entre Sézanne et Épernay, j’exploite 160 ha avec mon frère en polyculture-élevage avec 160 truies naisseur-engraisseur». Deux salariés sont employés et la ferme est équipée d’un atelier de découpe-transformation géré par son épouse «qui fait de la vente directe sur place et sur internet». Julien Casters observe que, «le Grand Est est une région dans laquelle il y a peu d’élevages porcins».
La Marne compte une soixantaine d’éleveurs de porcs, «nous sommes très motivés». Il souligne que le département a pour particularité de compter des élevages de toutes tailles, tous systèmes confondus, «en bio, plein air, sur paille ou sur caillebotis». «Notre gros avantage compétitif est d’avoir des céréales pour nourrir les élevages, et des surfaces d’épandage pour le lisier, c’est un cycle vertueux entre l’élevage et la production céréalière», analyse le président Interporc Grand Est.
Manque d’attractivité
Être éleveur porcin exige des compétences techniques et économiques. Et si les résultats financiers des élevages sont en moyenne positifs, ça n’est pas pour autant que la profession suscite des vocations. Le renouvellement des générations est un vrai sujet. «Le métier manque d’attractivité, on ne va pas se mentir, c’est du travail d’éleveurs, on ne connaît pas les jours fériés et il faut travailler les week-ends», déclare Julien Casters. Le vieillissement des exploitants est une explication à la décroissance, «la pyramide des âges fait que beaucoup partent à la retraite et malheureusement ils n’arrivent pas à transmettre à leurs enfants ou hors cadre familial».
«Passionné» par son métier, Julien Casters souligne que, «le porc est la seule filière à ne pas toucher d’aides à la production, on est assez fiers de vivre de notre travail, mais ça se fait aussi au prix d’années qui peuvent être mauvaises». Actuellement, «nous connaissons des conditions de marché comme on n’en a pas vécu depuis longtemps et qui nous permettent de gagner de l’argent. C’est cyclique». Pas d’euphorie donc, «il faut avoir l’intelligence d’épargner les bonnes années parce qu’on sait très bien qu’il y en aura de mauvaises».
Richard CREMONINI