Des discussions pour l’avenir meusien entre la FDSEA/JA et les parlementaires

Mardi 10 septembre, Jean-Guillaume Hannequin, président de la Fdsea et Adrien Seners, président des Jeunes agriculteurs ont convié les parlementaires pour un petit-déjeuner de rentrée. Bilan 2024 et revendications ont été les temps forts de cette matinée d’échanges.

2024 aura été une année noire pour les agriculteurs. Après des conditions météorologiques plus que défavorables pour les récoltes, s’ajoute désormais l’arrivée de la FCO (Fièvre catarrhale ovine), présente depuis début août sur le territoire meusien.
«Nous avons voulu convier nos parlementaires pour faire un point d’étape conjoncturel et structurel, afin de les alerter sur l’année compliquée que nous vivons» a expliqué Jean-Guillaume Hannequin en préambule de la rencontre. «L’objectif à l’heure actuelle, c’est de demander un temps d’action, d’avoir du concret, car nous avons de réelles attentes» a-t-il ajouté avant de laisser la parole à Adrien Seners : «le gouvernement n’a pas respecté les promesses, même auprès des jeunes. S’il n’y a plus de jeunesse, alors il n’y a plus d’agriculture» a-t-il complété. Des mots lourds de sens, que les députés Maxime Amblard et Florence Goulet, ainsi que les sénateurs Franck Menonville et Jocelyne Antoine ont écoutés avec attention.

Des chiffres préoccupants

Pour appuyer leurs propos, le président de la FDSEA avait également convié Patrice Jung, conseiller agricole à l’AS CEFIGAM, et Anne Sexe, responsable de la production-conseil à CERFRANCE ADHEO pour faire un point prévisionnel sur les rendements 2024.
Selon les estimations, les rendements en céréales sont en dessous de la moyenne quinquennale, avec des écarts extrêmement importants et de fortes disparités d’une exploitation à l’autre. «C’est la deuxième année consécutive où les rendements sont mauvais en Meuse. Il y a eu une perte de 410 € d’EBE par ha en moyenne sur les deux dernières années» ont précisé les experts.
S’il y a peu d’incidence sur les systèmes laitiers cette année, le groupe viande-céréales subit une perte de 200 € d’EBE (Excédent brut d’exploitation) par ha en moyenne sur les deux dernières années. Des résultats «extrêmement décevants» selon Anne Sexe. «La FCO est toute neuve, on ne peut pas la mesurer aujourd’hui dans les prévisions 2024» a ajouté Patrice Jung sur les rendements laitiers jugés inexacts en raison de la montée progressive de la maladie.

Des problèmes de trésorerie

Après une année 2023 en «effet ciseau» où l’inflation des prix, des charges et de coûts de production a fortement impacté les trésoreries, aujourd’hui, «la fiscalité ne permet plus de mettre de côté pour pallier cette période compliquée» a exposé Jean-Guillaume Hannequin. «2021 et 2022 ont été deux très bonnes années, cela nous a permis de moderniser nos outils de travail. On a réussi à passer le cap de 2023 sans voir le précipice qui grandissait. La deuxième lame ne passera pas, il n’y a plus de trésorerie disponible» a-t-il constaté.
Les revendications sont claires, «nous voulons du soutien de la part de nos députés. On manque d’interlocuteurs» a exprimé le président, non sans ajouter «Nous ne voulons pas repartir dans une situation comme l’année dernière».
Sur le plan fiscal, Jean-Guillaume Hannequin souhaite que l’État mette en place un crédit d’impôts éleveurs pour combattre la décapitalisation dans les exploitations. Mais aussi, des prêts bonifiés garantis par la BPI en y incluant les céréales. «On s’est adapté aux manques de production, mais cette année ça n’a pas été possible à cause des conditions météorologiques» a-t-il rappelé. Sur le front sanitaire, le syndicat réclame une indemnisation des éleveurs quant à la mortalité et la perte de production, ainsi que le remboursement des frais de vétérinaire.

Un projet de loi

En fin de matinée, JA et FDSEA ont remis aux parlementaires un projet de loi intitulé «Entreprendre en agriculture». Ce projet porté par la FNSEA et les JA vise à définir un cap clair selon différentes thématiques : souveraineté alimentaire, renouvellement des générations, compétitivité…
Pour Franck Menonville : «il faudra trouver des compromis dans ce contexte pas facile» admettant même que la «ferme France est malade». Selon la députée Florence Goulet, le prochain ministre de l’Agriculture «devra porter à bras le corps les sujets». «Il faudra qu’il écoute tout le monde» a-t-elle conclu lors de la réunion.