Agrilocal : une plateforme qui séduit toujours plus

En marge de Verdun Expo, s’est déroulé au cinéma Caroussel de Verdun le 4e forum Agrilocal. Après un début prometteur, la plateforme poursuit sa mission de mettre en relation les producteurs et les acheteurs publics.

«Agrilocal est une belle réussite. C’est déjà le quatrième forum que nous organisons cette année» s’est réjoui Jean-Philippe Vautrin devant plus de 70 personnes venues assister à la quatrième édition du forum Agrilocal 55 au cinéma Caroussel de Verdun le 13 septembre dernier, et organisé comme chaque année à l’occasion de la Foire expo.
Depuis quatre ans, le département de la Meuse promeut, grâce à la plateforme, les circuits courts, le développement de l’agriculture de proximité et de l’artisanat des métiers de bouche, ainsi que le renforcement de l’économie locale.
Après une phase de test réalisée en 2021 dans quatre collèges du département, Agrilocal compte aujourd’hui 44 acheteurs inscrits, publics ou privés, et 89 fournisseurs potentiellement connectés, dont 79 % d’agriculteurs. «On voit que la plateforme fonctionne bien, qu’il y a une progression constante» ont constaté les élus.

La barre des 1 M€ de commandes franchies

«La Meuse a été le cinquième département de France à avoir effectué le meilleur démarrage national en 2023» a indiqué fièrement le vice-président du conseil départemental du département, Jean-Philippe Vautrin. «Nous avons franchi les 1.000.000 d’euros de chiffre d’affaires» a-t-il ajouté, avant d’inviter Cécile Zambaux, cheffe de cuisine au Collège André Theuriet de Bar-le-Duc et Estelle Louis du Gaec de la Voie Sacrée à Lemmes, à venir le rejoindre pour les récompenser de leur «1 M€ de commandes Agrilocal55».
En 2023, ce sont sept lycées meusiens qui se sont prêtés au jeu en expérimentant la plateforme numérique. Selon Ghislin Lubraniecki, secrétaire général au lycée Henry Vogt de Commercy, «Agrilocal est une opportunité qui permet de renforcer l’attractivité du lycée. Même s’il y a un surcoût lié à l’achat de produits locaux».
Avec 67.000 repas servis chaque année (soit en moyenne 440 repas par jour) au lycée Henry Vogt, «l’offre n’est pas toujours en phase avec les besoins. Il y a des avantages comme des inconvénients. Par exemple, l’interfaçage de la plateforme où les subventions sont calculées automatiquement est un point fort» a-t-il encore indiqué.
Pour Gilles Cadieu, proviseur de l’EPL Agro de Bar-le-Duc, Agrilocal sert à «connaître les producteurs, la qualité des produits», et la «limitation des déchets». En 2022, les élèves en classe de première lancent le projet Food Box qui consiste à reconditionner les repas qui n’ont pas été consommés lors du service de la veille. «Ce sont 75 g de nourriture par élève et par repas en moyenne jetés contre 100 g habituellement en lycée» se félicite le directeur. Une initiative qui plaît également à Philippe Henry, chef de cuisine à l’EPL : «il y a une montée en puissance des circuits courts» a-t-il complété.

Améliorer le lien entre producteurs et acheteurs

Johanna Gillet, conseillère filières et circuits courts à la Chambre d’agriculture, est également intervenue sur la question de l’optimisation de la logistique sur la plateforme Agrilocal. Selon le rapport, les producteurs meusiens, en capacité de fournir la RDH en gros volume se font rares. «Les producteurs ne veulent pas pénaliser les autres clients au profit de la RDH» a-t-elle indiqué.
Bien que les acheteurs souhaitent s’approvisionner en produits locaux et de qualité, les fournisseurs ne sont pas toujours en capacité de répondre à la demande. «Les producteurs ont besoin de visibilité. Leurs productions sont souvent sous-estimées en termes de logistique et de temps. Il y a un gros travail à faire sur l’approvisionnement à petite échelle qui pourrait aboutir à des solutions et/ou besoins logistiques à plus long terme. à ce stade, un plan d’action purement logistique paraît prématuré, néanmoins des pistes d’amélioration de l’approvisionnement en produits locaux et de qualité sont envisageables» a-t-elle conclu avant de laisser la place à Pascale Delamarre, directrice adjointe à la DDT de la Meuse sur les perspectives d’Agrilocal face à la loi EGALIM.
«Chaque année ce sont plus de 80.000 restaurants qui servent près de 4 milliards de repas» a-t-elle fait savoir. «Notre objectif, c’est qu’il y est 50 % d’approvisionnement de produits de qualité et durables et 20 % de produits biologiques dans la composition des repas servis» a-t-elle précisé encore. Une décision soutenue par le président de la FDSEA Jean-Guillaume Hannequin lors d’une rencontre avec le préfet de la Meuse Xavier Delarue, suite aux manifestations de début d’année.
«La mise en place de la plateforme ‘‘Ma Cantine’’ permet de suivre l’accomplissement des objectifs. Il faut définir, mettre en œuvre et assurer le suivi d’un plan d’action visant à faciliter l’atteinte des objectifs EGALIM» a exposé la directrice adjointe. «Nous proposons un plan d’action qui est d’élaborer une newsletter, organiser des réunions territoriales, ainsi qu’une mobilisation pour l’utilisation de la plateforme ‘‘Ma cantine’’ qui est un outil très riche où l’on trouve tout un tas d’informations». «Plusieurs réunions sont à venir. Nous devons bâtir des choses dans la durée et utiles pour tous» a-t-elle complété.
«Agrilocal est le souhait du département. Il faut pouvoir sécuriser les acteurs publics dans leurs pratiques, valoriser le savoir-faire des équipes de cuisine, participer à la loi EGALIM et développer les différents labels. Mais surtout, il faut que les gestionnaires de collège et lycées jouent le jeu» a conclu Jérôme Dumont.

Des burgers 100 % meusien

La réunion s’est terminée par une démonstration culinaire de Christopher Skatulski, chef et gérant d’un food-truck à Saint-Mihiel. Sous les yeux avisés de Jérôme Dumont, Jean-Philippe Vautrin, Benoît Watrin et Philippe Mangin, vice-président de la région, le vainqueur 2024 de la Coupe de France du Burger Grand Est a présenté deux recettes de burger exclusives, concoctées spécialement pour le département.
Pour conclure le forum, les participants, acheteurs ou fournisseurs, ont pu échanger lors d’un moment plus convivial autour d’une dégustation de produits locaux.