À bas la paperasse

Après une première opération ‘‘panneaux’’ devant la préfecture de Bar-le-Duc pour dénoncer les accords de libre-échange entre l’Union européenne et les pays du Mercosur, jeudi 5 décembre, la FDSEA et les Jeunes agriculteurs se sont mobilisés pour redonner une ambition à la souveraineté alimentaire européenne et dire stop aux incohérences européennes et mondiales.

C’était dit que l’action organisée, mardi 19 novembre devant la préfecture de Bar-le-Duc n’était qu’un coup de semonce avant une nouvelle de plus grande ampleur. C’est chose faite.
Jeudi 5 décembre, Verdun aura été le théâtre d’une nouvelle journée de mobilisation. Quatre-vingts tracteurs ont défilé dans les rues, avant de rejoindre le parvis de la sous-préfecture. Un mouvement à la suite d’un appel national, piloté par le syndicat des Jeunes Agriculteurs et la FDSEA.

Une motion de censure qui ne passe pas

Manifestation nécessaire, mais qui tombe, fruit du hasard, au lendemain d’une motion de censure ayant poussé le gouvernement Barnier à prendre sa démission.
Une décision «inadmissible» pour le président de la FDSEA, Jean-Guillaume Hannequin : «certains députés ont choisi, par leur vote de censure, de remettre en cause absolument tout ce qui avait été cranté. C’est-à-dire, pratiquement tout ce que nous avions demandé». Citant en guise d’exemples le projet retraite des 25 ans, le TODE, ou encore les prêts garantis par l’État. «Aujourd’hui, je suis dans l’incapacité de vous dire ce qui est passé et pas passé. Ce qui est sûr, c’est que tout ce qui était dans le projet loi de finances 2025 n’est pas passé» se désole-t-il, ajoutant «les réponses à court terme que nous attendions ne sont pas là».
Après une année compliquée, des conditions sanitaires catastrophiques dues à la Fièvre catarrhale ovine (FCO) et un marché mauvais, où le Mercosur toque à la porte du marché européen, tous doivent «reprendre à zéro». «C’est un coup de massue pour nous», relate Adrien Seners, président des Jeunes agriculteurs de la Meuse. «Un an pile qu’on se mobilise et on reprend à zéro, comme si on n’avait rien fait».

Entre chasse, loup et simplification administrative

«Mais n’oublions pas le sujet initial, celui de la simplification administrative. Ce fardeau quotidien qui nous pourrit la vie et qui génère la décroissance de la compétitivité, de notre compétitivité», a vociféré Jean-Guillaume Hannequin devant la cent-cinquantaine de manifestants, le préfet, Xavier Delarue et les deux sénateurs, Franck Menonville et Jocelyne Antoine, rappelant leurs engagements lors des travaux au Sénat.
Sujet houleux, déjà abordé le 19 novembre dernier, devant la préfecture de Bar-le-Duc. Le président de la FDSEA annonçait, calendrier réglementaire en mains : «personne n’y comprend rien. On attend de nos députés qu’ils crantent cette simplification».
Une demande entendue par la ministre démissionnaire Annie Genevard, qui avait annoncé le 29 novembre (soit quelques jours avant le vote des députés à l’Assemblée nationale), mettre en place avec le Premier ministre, le contrôle administratif unique.
«La surcharge administrative, ça devient pénible. On n’a pas choisi ce métier pour être dans notre bureau toute la journée !» a grondé Adrien Seners. «On est dans l’inconnu, avec un gouvernement où on ne sait pas dans combien de temps on en aura un, et même combien de temps il va tenir».
Accrochés aux grilles de la sous-préfecture, des sangliers empalés et des brebis éventrées, victimes du loup. Des actes qui témoignent d’une colère de plus en plus aride.
Cette année, 2.500 ha ont été détruits par les dégâts de gibier en Meuse, devenant, le premier département à avoir subi autant de dégâts de chasse. «Il y avait un plan, un accord national, signé entre l’État, le monde agricole et la fédération de chasse. Tout le monde a joué le jeu. Nous, on a fait des concessions, l’État a mis la main à la patte. Les chasseurs devaient baisser les populations de sangliers et donc les dégâts. Mais rien n’a été fait !» a indiqué William Pierson, membre de la FDSEA.
Dans l’après-midi, le préfet a reçu dans les locaux de la sous-préfecture, les responsables des deux syndicats organisateurs (FDSEA et JA) durant une heure et demie.
«On va reprendre le flambeau et on va continuer. Ça va être dur, mais il va falloir se remotiver» a conclu Jean-Guillaume Hannequin.

Retrouvez les images de la manifestation des agriculteurs meusiens devant la sous-préfecture de Verdun :