Les 4 et 5 mars derniers, une délégation d’anciens exploitants du Grand Est s’est rendue au congrès de la SNAE (Section nationale des anciens exploitants) à Paris, présidé par Hélène Blaud. Un programme chargé qui a permis de recueillir de nouvelles idées, des informations sur l’actualité, sur le bien vieillir… sans oublier l’expression libre des représentants des régions et les échanges autour des revendications décrites dans la motion 2025.
Le congrès de la SNAE s’est voulu innovant. De fait, après le traditionnel rapport d’activité, Hélène Blaud, la présidente a donné la parole aux membres de l’assemblée en expression libre. évitant ainsi une redite des régions sur des sujets parfois similaires. Une occasion que Marie-Thérèse Wilhem de la SDAE de Moselle a saisi pour parler au nom des femmes. «Intégrer la SDAR me permet de me battre pour faire en sorte qu’il y ait des avancées significatives pour les agricultrices». Avant de rappeler les combats, les victoires et les attentes des anciennes exploitantes.
Parole aux congressistes
Elle a été suivie par Rémy Losser, jeune retraité, président de la SDAE du Bas-Rhin. «Si on m’avait dit, il y a à peine un an que je reprendrai une nouvelle responsabilité, j’aurai cru à une blague». Mais c’est sans doute la façon d’être approché par le réseau qui l’a convaincu. «L’engagement des jeunes retraités ne va pas de soi, il faut arriver à le provoquer et à leur donner envie». Le président parie donc sur «une animation locale, à partir des cantons, en synergie avec les sections syndicales locales de la FDSEA et des JA, voire avec d’autres associations sociales ou culturelles, qu’on arrivera à relever ces défis».
Cette première journée s’est poursuivie avec l’intervention d’Aude Fernandez sur les dernières actualités autour des retraites, les résultats obtenus aux élections Chambre d’agriculture et la validation de la motion 2025 portant sur les revalorisations des retraites, la préservation du pouvoir d’achat et le bien vieillir en milieu rural.
La seconde journée a été marquée par l’intervention de plusieurs personnes attentives au bien-être des anciens exploitants.
Voir la réalité en face
Pour évoquer le «Bien vieillir», Huguette Durand de la SDAE de la Marne a invité Éric Kariger, gériatre et conférencier et Frédéric Pomykala, responsable du département prévention et éducation sanitaire et sociale à la CCMSA, autour d’une table ronde, pour apporter quelques solutions aux congressistes. «Pour bien vieillir, il faut déjà espérer vieillir» a introduit Éric Kariger. Le vieillissement apparaît comme un tabou collectif. «Il existe un manque d’anticipation de notre mode de vie au vieillissement, c’est pourquoi il faut rester acteur de notre vieillissement et du bien vieillir». Et d’ajouter : «nous sommes vieux quand nous ne nous adaptons plus».
Bien manger et bien boire sont des priorités. La masse musculaire est très importante, c’est pourquoi il faut introduire des protéines à tous les repas. «Gras du matin ne fera pas chagrin le soir» a assuré le gériatre. «Par ailleurs, un manque de calcium entraîne le grignotage des os et des vertèbres». Il est donc nécessaire de compléter l’apport en vitamine D tous les mois. éric Kariger recommande également d’avoir une activité physique adaptée. «Jardinage et bricolage sont aussi considérés comme des activités physiques, même si la marche, voire la marche nordique, reste le meilleur des sports». Et il rappelle au passage qu’un kg sur la balance c’est l’équivalent de 4 kg sur les hanches. Il a ensuite survolé les accidents cardiovasculaires, l’hypertension, le diabète, les cancers… «Le premier facteur de risque de l’accident cardiovasculaire est le tabac, mais celui-ci protège de l’Alzheimer : vous êtes mort avant» a ironisé le conférencier.
Il s’est ensuite exprimé sur les déserts médicaux alors qu’il n’y a jamais eu autant de médecins qu’aujourd’hui. «50 % des français ont déjà renoncé à un acte médical à cause des délais d’attente ! Battez-vous pour garder votre médecin de famille, bichonnez-le». Le gériatre a conclu avec ces mots «notre société a oublié de mourir ; arrêtons de penser qu’on doit guérir de tout ! Il y a une médecine qui rapporte humainement et qui coûte moins cher économiquement, ce sont les soins palliatifs ! Ne demandez pas l’irraisonnable».
Prévention avant tout
Et pourtant la prévention existe dans le cadre de l’autonomie et du bien vieillir. Frédéric Pomykala a rappelé les actions de la MSA. «Sont gratuits et existent partout en France, les ateliers vitalité, les ateliers Nutri Activ : dépistage, nutrition, estime de soi, santé mentale… retrouvez-les sur pourbienvieillir.fr».
Un programme européen prévu pour 2026 est en cours de finalisation avec le ministère de la Santé pour aider à la préservation de l’autonomie. C’est le programme ICOPE. «Celui-ci comporte plusieurs phases : repérage, évaluation, plan de soins personnalisé, suivi de parcours de soins, implication des collectivités et soutien aux aidants. Il s’agit d’accompagner la personne dans son quotidien et son autonomie». Le responsable a ensuite évoqué les MARPA (204 maisons d’accueil), le Service public départemental de l’autonomie (SPDA) et les formations Sentinelles et a conclu «Ce sont des solutions qui ne règlent pas tout mais qui permettent d’avoir des aiguillages pour ne pas rester seuls».
Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, a remercié les anciens exploitants pour leur engagement, pour le conseil et l’accompagnement au quotidien dans les départements et pour le combat sur les retraites.
Luc Smessaert, membre du bureau de la Fnsea, a fait un retour sur le Salon de l’agriculture et a rappelé les victoires remportées par le réseau sur lesquelles il est important de communiquer. «Il faut remettre en place une dynamique pour montrer qu’on peut retravailler sur le vivre ensemble et bien vivre en ruralité».