Attentes fortes de la FDSEA et dialogue franc avec la députée

Réunis à Verdun autour de la députée Florence Goulet, les responsables de la FDSEA de la Meuse ont dressé un état des lieux des difficultés rencontrées par les exploitants du territoire. Face aux défis liés aux indemnisations, au loup, à l’agrivoltaïsme ou encore à la complexité administrative, le syndicat agricole a formulé des propositions concrètes pour soutenir et stabiliser les exploitations locales.

Un déjeuner de travail s’est tenu jeudi 24 avril à Verdun entre la députée RN, Florence Goulet, et les représentants du monde agricole local. Ce rendez-vous faisait suite aux élections de la Chambre d’agriculture et visait à faire un point complet sur les principaux dossiers en cours.
Jean-Guillaume Hannequin, président de la FDSEA, Adrien Seners, président des Jeunes Agriculteurs, ainsi que plusieurs membres du bureau de la FDSEA étaient présents autour de la table dans une volonté de dialogue constructif, avec des propositions concrètes et des réflexions à partager. Le député du sud meusien, Maxime Amblard, également convié à cette rencontre, avait dû s’excuser de son absence.

Face à la FCO : un soutien trop lent et insuffisant

Face à une conjoncture agricole toujours tendue, les échanges ont porté sur des sujets importants pour les exploitations meusiennes : les indemnités FCO, la reconnaissance des pertes indirectes, la disponibilité des vaccins, mais aussi l’agrivoltaïsme, les dégâts de gibiers, la présence du loup ou encore la simplification administrative, dans une zone intermédiaire où les agriculteurs sont limités en terme de diversification de productions.

Le président de la FDSEA a ouvert les discussions en rappelant que «l’agriculture sort d’un contexte extrêmement défavorable», insistant sur les lourdeurs administratives et les délais inacceptables pour le versement des aides promises. «Les indemnisations pour la FCO arrivent au compte-goutte. Il a fallu se battre pour obtenir cette enveloppe, et maintenant, on déplore que l’argent n’arrive pas assez vite», a-t-il exprimé avec amertume. Il a aussi souligné que les pertes ne se sont pas arrêtées au 31 décembre 2024, et que l’impact se fera sentir encore en 2025. «Il est essentiel de prendre en compte les pertes indirectes subies : la baisse de la production, les frais vétérinaires…» a ajouté Christophe Maginot, référent en élevage laitier. «Nous avons déjà perdu assez d’énergie avec le problème des veaux mort-nés», a-t-il complété. L’éleveur se demande si les vaccins pour la FCO et la MHE seront bien disponible. «En juin ou en juillet, les animaux seront déjà en pâture» a-t-il regretté. La députée a regretté un manque d’anticipation du gouvernement, «il aurait fallu ouvrir la vaccination à tout le pays et ne pas faire de zones» a-t-elle ajouté.

Un développement équitable pour l’agrivoltaïsme

Un autre sujet abordé lors de la rencontre a été l’agrivoltaïsme, avec la présentation de 150 projets déposés à la Chambre d’agriculture. «La FDSEA soutient ces petits projets. Elle souhaite que le maximum d’exploitants ait accès à l’agrivoltaïsme, dans une logique d’égalité des chances sur tout le territoire», a rappelé le président. Cependant, en ce qui concerne le partage de la valeur, il est essentiel que les fonds liés aux projets bénéficient prioritairement aux agriculteurs, tout en sécurisant juridiquement les relations entre les différentes parties.

«Nous souhaitons stabiliser les exploitations grâce à un apport financier», a ajouté Xavier Arnould, secrétaire général de la FDSEA et premier vice-président à la Chambre d’agriculture de la Meuse. L’institution a d’ailleurs rédigé une charte qui permet de concilier le développement de l’agrivoltaïsme avec le système agricole existant, d’établir un cadre juridique en adéquation avec les enjeux, et de partager la valeur entre les acteurs. Une charte que la députée souhaite mettre en avant comme exemple auprès de ses collègues dans d’autres circonscriptions.

Loup, gibier, normes : des tensions toujours vives

La question de la présence du loup en Meuse a également été abordée. «Il y en a au moins quatre en Meuse», a affirmé Isabelle Hofbauer, éleveuse de brebis. «Notre seul moyen de protection, c’est la clôture électrique… Autant dire, rien du tout». Elle a souligné le manque d’efficacité de ce dispositif, tout en déplorant le temps et l’argent qu’il nécessite : «C’est coûteux, chronophage, et finalement peu utile», a-t-elle expliqué à la députée.

Isabelle Hofbauer a également exprimé sa déception concernant le déclassement du loup : «cela ne change rien pour nous», a-t-elle regretté. Jean-Guillaume Hannequin est quant à lui revenu sur une réunion tenue quelques jours plus tôt en partenariat avec la FDSEA des Ardennes, qui avait permis à une trentaine d’éleveurs d’exprimer leurs difficultés face à la présence du prédateur. «Est-ce qu’on veut toujours de l’élevage en Meuse ? Est-ce qu’on veut encore du pâturage ?», a-t-il interrogé, soulignant le manque de réaction de la préfecture sur le sujet.

Une fois encore, la question des indemnisations a été soulevée. Les délais restent trop longs et «les montants n’ont d’ailleurs pas été revalorisés», a constaté Isabelle Hofbauer. Ce sujet a naturellement conduit à un autre dossier sensible pour les agriculteurs : celui des dégâts causés par les sangliers et cervidés. Le dialogue est impossible avec les chasseurs. Les représentants agricoles estiment que «sur 70 % de la Meuse, les dégâts sont trop importants».

La réunion s’est conclue sur la question de la simplification administrative, un enjeu central pour les professionnels du secteur. À ce titre, le programme d’actions régional n°7 (PAR7) a été largement critiqué pour son opacité. Jugé nébuleux et difficile à comprendre, ce nouveau dispositif est perçu comme une complexité supplémentaire, à rebours de la simplification attendue et réclamée par l’ensemble du monde agricole.

Jean-Guillaume Hannequin a également cherché à en savoir plus sur «la vision de l’agriculture du Rassemblement national» et s’est questionné sur un éventuel rapprochement du parti politique avec la Coordination rurale. Une hypothèse dont la députée s’est défendu, «rappelant qu’elle est indépendante et qu’en tant qu’élue de terrain, [elle] parle avec tous les syndicats».

Faute de temps, certains sujets importants n’ont pas pu être abordés, notamment la question des retraites et la mise en œuvre de la loi sur les 25 meilleures années, ainsi que les enjeux liés à la gestion de l’eau. Une seconde réunion devrait être organisée prochainement afin de permettre des échanges approfondis sur ces thèmes.