Mardi 29 avril, l’Union laitière de la Meuse (ULM) a tenu son assemblée générale à la salle des fêtes de Thierville-sur-Meuse. Un temps fort pour la coopérative, au cours duquel la présidente, Ludivine Graftiaux, a fait le bilan de l’année écoulée.
«Notre coopérative a une activité très riche, à la fois dans son mode de fonctionnement et dans les événements vécus, en interne comme dans la filière laitière», a introduit Ludivine Graftiaux, présidente de la coopérative, en ouverture de l’assemblée générale de l’Union laitière de la Meuse.
Avant de présenter les chiffres de l’année 2024, la présidente a tenu à saluer la mémoire de Rémy Herment, président d’honneur, cofondateur et figure emblématique de l’ULM (de 1968 à 1986), décédé en août dernier. «Il a fait ce que l’ULM est devenu», a-t-elle souligné avec émotion. Pour l’occasion, une rétrospective audio a été diffusée aux cent-cinquante participants, illustrant «ce que l’ULM était pour lui, ce qu’il a apporté à la coopérative et son évolution». Dans un enregistrement datant de l’assemblée générale de 2020, Rémy Herment soulignait déjà l’importance de la solidarité : «la coopérative, c’est un tout. Seul l’esprit d’équipe permet de faire face», affirmait-il, avant de conclure : «on travaille pour faire honneur. L’Union laitière est un des fleurons coopératifs et industriels de ce département, dans sa forme et dans l’esprit».
Un héritage que l’actuelle présidente salue pleinement : «l’Union laitière est effectivement un fleuron de la Meuse». Quatrième entreprise du département et deuxième coopérative après Emc2, l’ULM affiche aujourd’hui un dynamisme renouvelé. «Peut-être que les choses ont repris vie, comme à l’époque de Rémy Herment, grâce à l’arrivée des jeunes», a-t-elle estimé. Et d’ajouter en conclusion : «je pense qu’il aurait été heureux et fier de ce qui s’est passé».
Une coopérative dynamique
1.005 éleveurs adhérents et 116 collaborateurs ont permis de faire tourner au mieux la coopérative. Annoncé lors des assemblées de section qui ont eu lieu en début d’année, le chiffre d’affaires 2024 est de 202.024.113 € et en hausse par rapport à 2023 (+ 3,30 %). Pour la première fois, le chiffre d’affaires a franchi la barre des deux-cents millions. Le prix moyen du lait, toute prime qualité confondue (hors bio), payé aux producteurs est de 463,61 €/1.000 litres. Il est en baisse de 0,37 % par rapport à 2023. Pour le bio, le tarif moyen était de 492,27 €/1.000 litres. Un prix en légère hausse de 0,30 % par rapport à l’an dernier. La production des adhérents se chiffre à 362.936.843 litres de lait, en hausse par rapport à 2023. La production moyenne par exploitation a augmenté de 7,91 %. La coopérative compte 480 points de collecte, dont une majorité en Meuse (417), mais aussi dans les Ardennes et jusqu’en Bourgogne.
L’année 2024 a marqué un tournant pour la société Valorlac, avec une réorganisation majeure de son unité de production. L’entreprise a traité 146 millions de litres de lait cru sur l’année. Cette restructuration s’est traduite par la fusion de neuf services en cinq pôles, avec pour objectif d’améliorer la communication interne et la réactivité opérationnelle.
L’importance du collectif
2024 avait pourtant bien débuté pour les producteurs de lait : «les fourrages de 2023, à la fois en quantité et en qualité, nous ont permis de produire du lait facilement», a déclaré Ludivine Graftiaux lors de son rapport moral. Si le prix du lait a connu une légère baisse au début de l’année, la filière a su préserver des marges confortables, «redonnant ainsi le moral aux producteurs».
Cette dynamique positive a toutefois été rapidement perturbée par des facteurs externes. «Si la production se passait bien, la surcharge administrative et la sur-réglementation ont été les fléaux de notre époque», a déploré la présidente, pointant une instabilité politique qui a entraîné une «perte de temps considérable».
Une situation aggravée par la crise sanitaire, avec l’apparition de la FCO-3 en août dernier. «Les conséquences seront visibles pendant un certain temps. Les retards sur la reproduction et la perte d’animaux sont déjà conséquents. Nous allons devoir faire face à des pertes économiques et en production laitière pendant encore de nombreuses années», a-t-elle averti. Elle a également souligné l’importance de la bio-protection des élevages, qui doit devenir une priorité. «Il en va de la santé de nos animaux, des hommes et des femmes qui travaillent à leurs côtés, et de la productivité des exploitations», a-t-elle précisé. «La solidarité entre les acteurs du secteur est devenue plus que jamais nécessaire», a-t-elle rappelé.
Parmi les événements marquants de l’année, l’annonce de Lactalis, faite le 23 septembre dernier, a fait grand bruit. Le géant laitier a décidé de supprimer progressivement 160 millions de litres de lait d’ici 2026, pour atteindre 450 millions de litres abandonnés d’ici 2030. «C’est une honte», a réagi Ludivine Graftiaux. «Comment peuvent-ils ignorer l’impact de cette décision sur l’avenir des exploitants, des exploitations, et des hommes et des femmes qui les font vivre ?» a-t-elle dénoncé, soulignant la fragilité accrue du secteur.
«La coopérative est la force de notre métier, elle est le garant de notre indépendance et de notre résilience collective face aux aléas du marché et aux décisions économiques», a rappelé la présidente. «C’est la solidarité dans les épreuves, nous en avons eu la preuve lors de l’incendie en mai dernier. Il a révélé quelque part, le meilleur des hommes et des femmes de notre coopérative». Avant de conclure : «les coopératives sont faites par les hommes et les femmes qui les composent, pour leur entreprise, leur territoire. Car dans ce système coopératif, l’homme est plus important que l’argent».