Après le succès de sa première édition à l’EPL Agro en 2023, la journée Champ des robots était de retour jeudi 22 mai, à la CUMA Centre Meuse, à Lacroix-sur-Meuse. Unique dans le Grand Est, cet événement dédié à la robotique, au numérique et à l’intelligence artificielle a rassemblé professionnels et curieux, autour de démonstrations concrètes, d’ateliers interactifs et de rencontres enrichissantes.
«90 % des agriculteurs se connectent au moins une fois par jour à une application ou à un logiciel» a introduit Nicolas Perotin, président de la Chambre d’agriculture de la Meuse, en marge de la deuxième édition de Champ des robots, organisée jeudi 22 mai sur le site de la CUMA Centre-Meuse à Lacroix-sur-Meuse.
Sous un soleil généreux, l’événement a rassemblé pas moins de cinq cents participants, venus découvrir les dernières innovations agricoles. Ateliers, conférences, démonstrations en conditions réelles et présence de nombreux organismes para-agricoles ont rythmé cette journée placée sous le signe de la technologie et du partage d’expériences.
Pensée comme une véritable «vitrine» de l’innovation, l’événement avait pour objectif de montrer comment ces nouvelles technologies, à la fois accessibles et «prêtes à l’emploi», s’intègrent déjà dans les pratiques agricoles. «Toutes ces technologies -drones, robots- sont aujourd’hui présentes dans les bâtiments, dans les prés et dans les champs», a précisé Nicolas Perotin. «La révolution est en cours, et comme j’ai l’habitude de le dire, quand il y a un progrès, jamais on ne fait machine arrière».
Projet Racam, un test dès cet été
Avec le projet RACAM (Robotique au champ et attractivité du métier), la Chambre d’agriculture de la Meuse entend concrétiser l’ambition de faire entrer la robotique dans le quotidien des exploitations agricoles. Dès cet été, une première phase d’essai sera lancée sur une ferme céréalière du département. Deux technologies vont être mises à l’essai : AGBOT (AGXEED), un robot autonome équipé de chenilles, dont la livraison est attendue dans les «prochaines semaines», selon Pascal Cerneau, ainsi qu’un pulvérisateur intelligent (Ecorobotix). Cette phase de test permettra d’analyser leur efficacité à travers plusieurs dimensions : performance économique, réduction de l’impact environnemental, amélioration des conditions de travail et gestion de la main-d’œuvre.
Soutenu par le conseil régional, l’association RobAgri et plusieurs concessionnaires, le projet RACAM s’articule autour de plusieurs points : une réduction significative de l’utilisation des produits phytosanitaires, avec une baisse attendue de 80 à 85 %, que Pascal Cerneau, directeur de la Chambre d’agriculture, qualifie de «véritable solution technique pour limiter l’impact phytosanitaire sur nos cultures». L’objectif est également de diminuer jusqu’à 90 % l’usage des herbicides, contribuant ainsi à réduire l’impact environnementale.
Mais au-delà des enjeux écologiques, RACAM entend surtout répondre à la difficulté de main-d’œuvre agricole en offrant aux agriculteurs des outils capables de les soulager dans leurs tâches quotidienne, dans un contexte où, comme le rappelé Luc Barbier, vice-président de la commission agriculture, viticulture et forêt à la région Grand Est, «le Conseil régional mise sur la robotique qui doit entrer dans les fermes un peu plus vite pour faciliter le travail».
Attirer les jeunes
«Ces nouvelles technologies doivent être au service de l’agriculture et surtout, des nombreux enjeux qui sont les nôtres» a toutefois rappelé le président de la Chambre d’agriculture. Produire une alimentation de qualité et en quantité, protéger la biodiversité, gagner en efficacité économique et en qualité de vie sont selon lui «les conditions sine qua non pour que les jeunes s’intéressent à notre métier».
Dans un secteur en pleine mutation, le confort de vie apparaît comme une priorité pour attirer les nouvelles générations. Le sénateur de la Meuse, Franck Menonville, en est convaincu : «le secteur est en pleine explosion. L’intelligence artificielle va s’inviter de plus en plus dans l’agriculture. L’agriculture a toujours su évoluer et se moderniser, mais les fermes d’hier rencontrent des limites d’attractivité. Pour attirer les jeunes, le confort au travail et dans la vie quotidienne est désormais essentiel». Le conseiller départemental délégué à l’agriculture, Benoît Watrin, abonde dans ce sens : «Nos enfants piloteront peut-être les robots autant que nous sommes restés conduire nos tracteurs. Réjouissons-nous de cette évolution, cela va transformer nos métiers».
Toutefois, si ces nouvelles technologies ouvrent de prometteuses perspectives pour l’agriculture, leur adoption reste freinée par le vieillissement de la population agricole. Le préfet Xavier Delarue souligne que la «pyramide des âges» constitue un obstacle majeur, d’autant plus que ces innovations représentent un «investissement conséquent pour les jeunes générations». Face à ce constat, où un agriculteur sur deux dépasse les cinquante ans, la réussite de cette transition dépendra largement de la mise en place de formations adaptées et d’un accompagnement renforcé.