Redonner sa place à l’herbe, c’est défendre un modèle d’élevage plus autonome, plus durable, et enraciné dans les territoires. Les premières Rencontres du Plan Herbe Meuse ont permis de faire un point d’étape sur trois années de travail en faveur de la préservation des prairies.
Le 3 juin dernier, plus de 130 participants venus du Grand Est, se sont réunis au cinéma de Verdun pour les premières rencontres du Plan Herbe Meuse. Ce dispositif a été lancé il y a trois ans et co-piloté par le Département de la Meuse et l’Agence de l’eau Rhin-Meuse.
Redonner à l’herbe une place centrale
Cette journée a permis de faire un point d’étape sur une démarche visant à redonner une place centrale à l’herbe dans les systèmes d’élevage, en lien avec des objectifs d’autonomie, de durabilité et de performance économique. «L’élevage représente plusieurs centaines d’emplois directs et indirects. Préserver les prairies, c’est affirmer l’avenir d’un système agricole diversifié, porteur de savoir-faire reconnus bien au-delà de nos frontières» a tenu à rappeler le président du Département, Jérôme Dumont, en préambule des interventions. Une conviction partagée par Xavier Morvan, directeur de l’Agence de l’eau Rhin Meuse qui a ajouté que «les prairies ne peuvent perdurer sans éleveurs, et les éleveurs ne peuvent assurer leur avenir sans une rentabilité durable. L’élevage à l’herbe, durable, rentable et résilient, n’est plus un idéal lointain, c’est une réalité à portée de main».
En effet, la préservation des prairies représente aujourd’hui un enjeu important pour les éleveurs et pour l’agriculture. Le Plan Herbe Meuse s’inscrit dans cette dynamique en promouvant des pratiques qui valorisent les ressources naturelles et la biodiversité, tout en répondant aux besoins des exploitations agricoles.
Témoignages, retours d’expérience et expertises croisées ont jalonné cette journée, illustrant une volonté partagée d’inventer des solutions concrètes pour les territoires ruraux et agricoles.
Quatre tables rondes thématiques ont porté sur des outils pratiques comme Pâtur’Ajuste, les territoires et les services écosystémiques rendus par les prairies, le développement de filières structurées autour de l’élevage à l’herbe, ainsi que l’engagement des industriels via des démarches de responsabilité sociétale.
Des pratiques repensées pour une prairie durable
«Il n’y a pas de prairies sans éleveurs», a rappelé Benoît Watrin, conseiller départemental à l’agriculture, avant de céder la parole à Philippe Mestelan, formateur à la SCOPELA -une structure dédiée au conseil, à la formation et à l’accompagnement des acteurs de l’élevage et de l’environnement. Ce dernier a dressé le bilan de dix années du programme Pâtur’Ajuste, qui vise à «réconcilier agriculture et biodiversité» grâce à une nouvelle manière de gérer les troupeaux.
Grâce à cette approche repensée du pâturage, Nicolas Brouet, éleveur laitier à Maizey, constate des effets positifs : «l’herbe devient réellement productive après quelques années. Il faut laisser le temps à la prairie de se régénérer». Même si sa production annuelle de lait a légèrement baissé, il souligne un avantage majeur : «nos charges ont nettement diminué, notamment en alimentation». Romain Hacquin, éleveur bio à Beausite, a confirmé ces propos et a ajouté «avoir réduit la mécanisation» dans son exploitation.
Les échanges se sont poursuivis avec les partenaires institutionnels et économiques, autour d’une idée centrale : «sauver l’élevage et les prairies».
Une mobilisation collective en faveur du Plan Herbe Meuse
Le Plan Herbe est une initiative territoriale multipartenaire visant à soutenir l’élevage herbager sous toutes ses formes, ainsi que la préservation des prairies de la Meuse. Porté par le Conseil départemental de la Meuse, ce projet rassemble déjà onze partenaires* engagés dans une dynamique collective.
À l’occasion de cette journée, trois nouveaux acteurs ont rejoint le programme : le GDS (Groupement de défense sanitaire), MNE (Meuse nature environnement) et la CAGV (Communauté d’agglomération du Grand Verdun).
«Nous allons apporter notre expertise sanitaire dans ce plan, et entrer dans l’action en contribuant concrètement à la veille sanitaire et au suivi de la qualité de l’eau», explique Lorine Collin, présidente du GDS.
Pauline Cochet, directrice de MNE, souligne, quant à elle, que «tout fait sens et cela s’inscrit pleinement dans les projets que nous soutenons déjà, comme la trame verte et bleue ou les actions de plantation de haies».
Enfin, pour Philippe Dehand, représentant la CAGV : «quand on entre dans des actions concrètes, on parvient à convaincre. Il faut savoir communiquer».
Tous partagent l’ambition d’élargir cette coopération pour renforcer ses effets à l’échelle locale.
(*) Le Département de la Meuse, l’agence de l’eau Rhin-Meuse, la Chambre d’agriculture, l’Union laitière de la Meuse (ULM), la coopérative EMC2 élevage, la Région Grand Est, le Parc naturel régional de Lorraine (PNRL), le Conservatoire des espaces naturels (CEN) de Lorraine, le Centre permanent d’initiatives pour l’environnement (CPIE) de la Meuse, l’Association de production animale de l’Est (APAL), l’établissement public pour l’aménagement de la Meuse (EPAMA).