À Chaillon, Christophe Mettavant cultive l’unique champ de lavandin de Meuse. Une aventure olfactive lancée en 2021 avec Lavand’in Meuse, sa marque de produits bio faits maison.
Il est le seul en Meuse à s’être lancé : Christophe Mettavant, agriculteur à Chaillon, a créé en 2021 Lavand’in Meuse, une marque de produits à base d’huile essentielle de lavandin* bio. Une reconversion partielle née d’une réflexion entamée en pleine crise sanitaire.
En 2020, alors que le pays vit ses premiers confinements, l’agriculteur réfléchit à diversifier son exploitation. À la tête de l’EARL JYP, il cultive 140 hectares de grandes cultures : blé, orge, colza, lin et tournesol. «J’ai d’abord pensé à la truffe ou au safran», raconte-t-il. «Mais les investissements de départ étaient trop élevés, et les conditions climatiques peu favorables». L’idée est vite abandonnée. C’est en descendant dans le Sud, à Piolenc (84), à la rencontre de producteurs, qu’il découvre le potentiel du lavandin.
«J’y ai rencontré Jean-René Vernin, le pépiniériste qui m’a vendu les plants. Il m’a mis en relation avec plusieurs producteurs, et j’ai compris que ça pouvait marcher, même chez nous», explique-t-il. De retour à Chaillon, il décide de tenter l’aventure. À l’été 2021, aidé par sa famille et des amis, il plante 10.000 pieds de lavandin grosso sur une parcelle d’un hectare, en bio. Une première en Meuse.
Rester local
La récolte du lavandin s’effectue une fois par an, entre fin juillet et début août, «dès que les abeilles butinent moins» souligne Christophe Mettavant. Au moment de la floraison, Lionel Dumanoit, apiculteur sur la commune de Koeur-la-Petite, installe ses ruches** pour y produire du miel de lavandin, disponible à la vente.
Une fois coupé, le lavandin est séché pendant quatre à cinq jours, puis stocké dans son hangar. La distillation à sec est réalisée sur plusieurs semaines, par l’Herberie de la Saulx, à Mognéville, et chez Céline Dechaux, à Fays en Haute-Marne. La récolte est déclarée au Cihef, le Comité interprofessionnel des huiles essentielles françaises, basé à Manosque. En «année normale», la production peut atteindre jusqu’à 70 kg, précise Christophe Mettavant. Chaque année, il fait également analyser ses récoltes dans un laboratoire spécialisé du Sud de la France (Pyrenessences).
L’attention portée au local se retrouve également dans le choix du conditionnement. Les étiquettes, dessinées par le lavandiculteur lui-même, sont imprimées à Lacroix-sur-Meuse, tandis que les flacons sont fournis par un fabricant basé à Nancy. «J’essaie de privilégier le local autant que possible» indique-t-il.
Une commercialisation compliquée
Chaque semaine, sur les marchés lorrains, Christophe Mettavant propose aux passants son lavandin sous forme d’huile essentielle et d’eau florale. «Il y a parfois des marchés hyper satisfaisants, et d’autres moins bons», reconnaît-il. «C’est fatiguant, prenant… mais le côté humain est bon», sourit-il.
En plus de sa présence sur les marchés, l’agriculteur mise sur des points de vente de proximité. Ses produits sont ainsi disponibles dans plusieurs enseignes locales : au Jardin de Lorraine à Billy-sous-les-Côtes, au Petit Paysan à Saint-Mihiel, à La Vida Local à Fresnes-en-Woëvre, au Monde de Vivige à Longuyon ou encore au Coin des Producteurs à Lexy. «J’essaye de vendre principalement sur la Lorraine. J’ai eu pas mal de refus, d’autres sont plus emballés», explique-t-il.
Pour autant, développer la distribution reste compliqué. Entre l’exploitation agricole et les déplacements en camion, le quotidien est bien rempli. «C’est compliqué, car j’ai mon exploitation à côté, puis je conduis un camion», admet-il. Malgré tout, Christophe Mettavant ambitionne d’élargir sa présence en boutique.
Côté tarifs, l’eau florale est proposée à 8 € les 500 ml, 15 € le litre, 6 € en spray et 5,50 € en clip. L’huile essentielle, elle, est vendue à 5 € le flacon.
Les curieux pourront le retrouver ce samedi 28 juin au marché de Sotrés et Potailloux, à partir de 11 h, entre Chaillon et Heudicourt. Et pour ceux qui veulent en savoir plus, une journée portes ouvertes est organisée le lendemain, dès 10h, sur sa parcelle (entre Chaillon et Heudicourt), en pleine floraison du lavandin. Toutes les informations sont à retrouver sur leur page Facebook : Lavand’in Meuse.
(*) Le lavandin est un croisement stérile entre deux variétés de lavande : la lavande fine (Lavandula angustifolia) et la lavande aspic (Lavandula latifolia).
(**) Douze ruches ont été installées cette année sur sa parcelle.
Pour cultiver du lavandin
Avoir des sols calcaires, pauvres, caillouteux et sans mouillères. «Moins il y a d’eau, mieux il se porte» précise Christophe Mettavant.