En Meuse, la moisson a débuté fin juin dans de bonnes conditions, avec des rendements prometteurs et une qualité au rendez-vous, notamment sur les orges d’hiver. Malgré un contexte de marché peu favorable, les agriculteurs espèrent tourner la page d’une année 2024 difficile.
Après une année 2024 jugée catastrophique par nombre d’agriculteurs, l’heure est à l’espoir en ce début de moisson. En Meuse, les récoltes ont démarré tambour battant aux alentours du 25 juin, portées par une météo clémente. Les moissonneuses ont pu avancer à bon rythme, notamment sur les orges d’hiver, rentrées dans de bonnes conditions juste avant les pluies du premier week-end de juillet qui ont temporairement interrompu les chantiers.
«Pour les escourgeons, la récolte s’est déroulée tranquillement dans l’attente d’une maturité complète» indique David Méder, directeur céréales chez EMC2, joint par téléphone en début de semaine. Il estimait de 90 à 95 % les surfaces engrangées auprès de la coopérative. «Les rendements ont été plutôt bons» ajoute il, avec un retour à une certaine normalité, variant de 55 q/ha sur des terres caillouteuses à 80 q/ha dans des zones à bon potentiel comme les terres limoneuses de la Woëvre.
La qualité est également au rendez-vous. Les orges fourragères se révèlent satisfaisantes. Concernant la filière brassicole, le calibrage avoisinant 90 % et des poids spécifiques autour de 70, permet à la marchandise de partir en malterie. Un bon résultat, d’autant plus appréciable que les conditions de semis avaient été particulièrement compliquées. «Certains ont même dû retourner leurs parcelles» rappelle-t-il.
Le colza en avance
Du côté des colzas, les chantiers ont commencé les derniers jours du mois de juin, avec près de quinze jours d’avance sur un calendrier habituel. «Le cycle a été en avance toute l’année» note David Méder, en précisant que «ce n’est pas habituel». Certaines récoltes ont été anticipées avant les précipitations du week-end dernier. Avec des rendements estimés pour l’instant entre 30 et 35 q/ha, il reste difficile de tirer des conclusions sur le plan qualitatif, sachant qu’environ un quart seulement des surfaces a été moissonné en Meuse. «Il faudra attendre la reprise des chantiers, avec des récoltes peut-être plus représentatives» estime-t-il. Pour le moment, les premiers lots sont «propres et secs».
Les travaux de moisson devraient reprendre activement en cette fin de semaine, grâce à une nouvelle fenêtre météo favorable. Les premières parcelles de blé ont été récoltées, mais elles ne représentent encore que 5 à 10 % des surfaces. Les premiers indicateurs sont encourageants, avec un bon poids spécifique et un taux de protéines conforme. Mais il est trop tôt pour préjuger de la suite de la récolte et la prudence est de mise. «On observe de l’ergot dans certaines premières récoltes», signale David Méder. Le tri n’est pas toujours bien fait par la moissonneuse-batteuse sur du blé pas entièrement mature. Il ne faut pas faire de généralité mais bien vérifier les parcelles.
«Les cultures ne vont pas attendre»
Du côté des pois protéagineux, environ la moitié des surfaces ont été récoltées, avec «des résultats très variables». L’orge de printemps atteint elle aussi sa maturité, annonçant une nouvelle vague de chantiers dans les jours à venir. «Ces prochains jours vont être sportifs. Les cultures ne vont pas attendre» prévient le directeur.
Un œil sur les champs, l’autre sur les marchés. Si les premiers résultats de moisson redonnent un peu de baume au cœur, les agriculteurs restent vigilants… sur les marchés. Les cours des céréales sont actuellement «au plus bas depuis trois ans», observe-t-on dans la profession, même si les prix sont plus corrects sur les oléagineux. Le marché brassicole est en berne à cause d’un affaiblissement constaté de la consommation. À cela s’ajoute un contexte géopolitique incertain et des perspectives de production mondiale sont revues à la hausse. De quoi inciter les agriculteurs à rester prudents.
Cependant, la moisson est loin d’être terminée. Le département conserve encore des surfaces importantes en tournesol et en maïs, qui viendront conclure une campagne déjà bien lancée.