Le GAB 55 défend son modèle

Jeudi 17 juillet, le collectif Bio de Meuse, par le biais de ses trois co-présidents, a souhaité alerter sur les défis majeurs auxquels sont confrontés les agriculteurs biologiques sur le département.

C’est à Nicey-sur-Aire, au sein de l’EARL de la Vallée de l’Aire, que Guillaume Palin (polyculture et élevage laitier), Angélique Liénard (viticulture et arboriculture) et Romain Hacquin (polyculture et élevage bovin) -élus co-présidents du collectif Bio de Meuse en avril dernier- ont dressé un état des lieux préoccupant de l’agriculture biologique sur le territoire. «Nous sommes là pour nourrir les gens autour de nous, tout en préservant l’environnement et leur santé», explique Guillaume Palin, propriétaire de l’EARL.

Une loi qui fait débat

Mais, selon le trio, la récente adoption de la Loi Duplomb* le 8 juillet dernier, qui proposait, entre autres, la réintroduction de l’acétamipride, envoie un «mauvais signal». «Cette loi banalise l’usage des pesticides, faisant croire à tort qu’elle améliorera les conditions des agriculteurs, alors qu’en réalité, elle ne leur apporte aucun bénéfice», dénoncent-ils unanimement. Une législation très contestée, qui a suscité une mobilisation citoyenne importante, avec une pétition ayant déjà recueilli plus deux millions de signatures. Selon eux, «c’est une défaite pour le consommateur et l’environnement».

Une suppression des aides

Le collectif Bio de Meuse tire également la sonnette d’alarme face à la disparition progressive des soutiens publics à l’agriculture biologique. Il dénonce notamment la suppression des aides au maintien, un dispositif essentiel pour accompagner les exploitants dans la durée, ainsi que la réaffectation du budget de conversion au profit de l’agriculture conventionnelle.
Autre mesure critiquée : la disparition du crédit d’impôt dédié aux agriculteurs bio. Pour Guillaume Palin, ces coupes budgétaires affaiblissent les vocations sincères. Il appelle à une réforme en profondeur : «il faudrait doubler la durée d’engagement, passer de cinq à dix ans, pour que les aides à la conversion profitent à ceux qui ont un vrai projet et une vraie volonté».

Une agence bio menacée

Autre sujet de préoccupation : l’avenir incertain de l’Agence Bio, pilier national du développement et de la structuration de la filière. Un amendement récemment porté au Sénat avait même envisagé sa suppression, avant d’être retiré sous la pression. Pour Nadine Piboule, chargée de communication de Bio en Grand Est, la disparition de cette structure serait un coup porté à l’ensemble du secteur : «L’Agence Bio permet de financer des projets structurants, elle apporte les données de référence. Elle est indispensable pour les agriculteurs bio». Et d’ajouter : «L’Agence Bio n’est pas un problème, elle fait partie des solutions».

Le collectif souhaite également remettre sur la table la mise en œuvre réelle de la loi EGALIM, censée imposer au moins 50 % de produits durables -dont 20 % de produits biologiques- dans la restauration collective publique. Un objectif encore largement hors d’atteinte, selon les professionnels. «L’Agence Bio affirme qu’on est loin des 20 %, même si, localement, on progresse, comme à la CODECOM de l’Aire à l’Argonne», souligne l’éleveur laitier.

Pour les agriculteurs bio, les exigences de leur cahier des charges ne sont pas un fardeau, mais un gage de qualité. «Les contraintes, on les veut : c’est ce qui fait la qualité de nos produits», insiste Guillaume Palin. Il rappelle que les producteurs biologiques financent eux-mêmes leurs contrôles, gage de transparence, mais que la rémunération reste largement insuffisante au regard de leur engagement.
«Nous ne sommes pas assez rémunérés pour le travail que nous faisons. Ce que nous demandons, c’est que l’État reconnaisse que l’on a un impact positif sur l’environnement», conclut-il.

(*) Depuis le 7 août, le Conseil constitutionnel a censuré l’article sur la réintroduction de l’acétamipride.