Xavier Guillaume élève des Limousines inscrites au Herd Book, sur une exploitation de 180 hectares en système herbager. Fidèle aux concours, il devait présenter un taureau et un veau hétérozygotes sans cornes à Agrimax. L’annulation de la venue des bovins, décidée par précaution face à la DNC, a été comprise par l’éleveur, mais non sans regret. Il fera tout de même le déplacement, pour retrouver les collègues et défendre la race.
A Jametz, dans le nord de la Meuse, Xavier Guillaume conduit une exploitation de 180 hectares, répartie équitablement entre cultures céréalières et prairies. Le parcellaire groupé, s’étend dans un rayon de deux kilomètres autour de la ferme. La partie élevage repose sur un troupeau de 70 vaches allaitantes limousines inscrites au Herd Book. Les animaux sont répartis sur trois sites dans le village.
«J’ai dans l’espoir de recentrer les bêtes sur deux sites et allonger un bâtiment», explique l’éleveur, qui s’est inscrit dans le programme régional Ambition éleveur. Il espère pouvoir doubler sa capacité d’élevage, mais surtout «donner de la valeur à l’exploitation».
En effet, il envisage sa retraite d’ici cinq à sept ans. Il n’a pas d’enfant repreneur, mais espère «trouver un jeune qui souhaite poursuivre l’élevage». Il insiste : «pas question d’agrandir une autre exploitation». Son souhait est de transmettre une structure viable, à taille humaine, en accord avec son environnement.
Car, Xavier Guillaume est attaché à son système, basé sur une valorisation maximale de l’herbe : «à Jametz, l’herbe pousse tout le temps». L’éleveur estime que son mode d’élevage est adapté au territoire et permet de dégager un revenu régulier. Les mères sont alimentées à 100 % à l’herbe, et les vaches de réforme reçoivent un peu de maïs épi pour l’engraissement. Il suit le programme Plan Herbe, proposé par le Département de la Meuse et ses partenaires, pour continuer à améliorer sa gestion fourragère.
Un troupeau travaillé sur la génétique
L’élevage limousin est conduit avec une attention particulière portée à la sélection. Depuis les années 80 (au temps de ses parents), le cheptel est inscrit au Herd Book. L’insémination artificielle est pratiquée sur les génisses et sur un lot de quinze vaches. Le reste du troupeau est sailli en monte naturelle, avec deux taureaux, un adulte et un jeune, achetés dans le berceau de la race tous les deux ans, via la société KBS.
Xavier Guillaume privilégie «le gène sans cornes» pour «construire une lignée sans cornes». Il souhaite également retrouver un troupeau plus mixte, sans renier les qualités maternelles : «des vaches plus mixtes, c’est un mois et demi d’engraissement en moins».
Une reproduction maîtrisée
La période de vêlage est resserrée, de début août à début novembre. «Et du 15 août au 1er octobre pour 70 %», indique-t-il. Ce choix permet un allotement plus facile.
Huit à dix mâles sont conservés chaque année pour la vente de reproducteurs. Une partie des génisses est gardée pour le renouvellement, d’autres sont vendues à des particuliers ; car depuis la crise de la FCO l’an dernier, la demande est forte. «Il y a une grosse demande des génisses à saillir, pour reconstituer les troupeaux».
Les autres animaux sont valorisés par des contrats régionaux avec l’APAL. Une partie part chez Lidl, dans le cadre d’un partenariat sur les génisses. Les vaches sont, quant à elles, destinées à Match, sous la marque «Le goût de la proximité».
Passion concours
Au-delà de la technique et de la commercialisation, Xavier Guillaume entretient un lien fort avec la race à travers sa participation régulière aux concours, pour «se confronter aux autres et situer mon élevage». Il participe notamment à Verdun Expo et a déjà présenté des animaux à des concours en région comme Euroviande à Metz, en son temps. Il lui arrive aussi de se «rendre au national», mais sa tenue en septembre coïncide avec sa période de vêlage, ce qui complique sa participation, étant seul sur l’exploitation. Depuis quatre ans, il pratique l’entraide avec une jeune éleveuse voisine, ce qui lui permet de se dégager un peu de temps.
Cette année, pour Agrimax, il devait présenter un taureau et un veau hétérozygotes sans cornes. «L’idée, c’était de sortir le veau avant la vente aux enchères de fin janvier proposée par l’APAL et KBS». Mais selon lui, les animaux n’étaient «pas assez prêts pour aller sur le podium». Il voulait tout de même participer à Agrimax, car «c’est un concours officiel pour les éleveurs de bovins Limousins».
Il comprend la décision des organisateurs de ne pas faire venir les bovins cette année, dans le contexte de la Dermatose nodulaire contagieuse des bovins (DNC) : «c’est logique, nous venons tous d’un rayon de 120 km autour de Metz». Malgré tout, il sera bel et bien présent pendant trois jours à Metz pour échanger avec les autres éleveurs et parler du métier.