Une conférence du Dr Kariger sur le «bien vieillir»

À l’occasion d’une conférence sur le thème : «Comment bien vieillir sur nos territoires malgré la dégradation de l’offre de soins et des finances publiques ?», le Docteur Éric Kariger, gériatre au CHU de Reims, interviendra le jeudi 6 novembre à 11h15 à Benoîte-Vaux, lors de l’Assemblée générale des anciens exploitants agricoles. Cette présentation est ouverte à tous, adhérents ou non.

Le docteur Éric Kariger, au-delà de son expérience en tant que médecin, est également élu au Conseil départemental de la Marne. À ce titre, il est en lien direct avec les instances qui œuvrent pour le «Bien Vieillir».

En 2040, la France comptera environ 210.000 hommes centenaires et 600.000 femmes centenaires. Les Français souhaitent majoritairement vieillir chez eux. Aujourd’hui, 80 % des personnes âgées de 90 ans vivent encore dans leur logement d’origine et un centenaire sur deux réside à domicile. Le Dr Kariger alerte toutefois sur certains risques : «cependant, il faut être prudent, il existe aussi de la maltraitance au domicile, on doit être vigilant».

Il précise également : «90 % des 75 ans sont autonomes au sens gérontologique et les trois quarts des personnes âgées vivent en milieu urbain». Si l’offre de santé est globalement importante en France, sa répartition reste problématique. «On a un réel problème de répartition sur le territoire, on doit arriver à modifier très rapidement ce schéma. J’ai d’ailleurs proposé des solutions pour y remédier».

Un autre sujet d’inquiétude est évoqué : la courbe de natalité pourrait croiser la courbe de mortalité dès la fin de cette année. Le Dr Kariger partage une réflexion personnelle sur le vieillissement : «on est vieux quand on ne s’adapte plus, et oublier de mourir, c’est oublier de vivre».

Bien manger et boire de l’eau

Alors, quelles recommandations ? Selon lui, il est indispensable de «bien manger et de bien boire… de l’eau». La masse musculaire est essentielle car elle constitue un réservoir de protéines. Il insiste sur l’importance d’en consommer à chaque repas : «La protéine laitière est la moins chère du marché».

Il souligne aussi l’importance de la santé osseuse dans le bon vieillissement. «Le tassement n’est pas une fatalité et le passage à la toise est un bon indicateur. Une cure de vitamine D chaque mois me semble indispensable».

L’activité physique est tout aussi fondamentale. «Le sport est bien sûr une très belle opportunité, notamment la marche, mais le jardinage, le bricolage, le ménage sont aussi des activités physiques de très bonne qualité».

Concernant la prévention du cancer, il insiste sur un point clé : «le diagnostic précoce est la base de la réussite». Il rappelle que certains cancers sont d’origine génétique, tout comme souvent l’hypertension et le cholestérol. «Mais le tabac est un vrai facteur de vieillissement et de problème cardio-vasculaire».

À partir de 70 ans, il convient de soutenir les défenses naturelles : «il faut aider le système immunitaire, la vaccination reste un bon compromis risque/bénéfice». Le Dr Kariger rappelle aussi que «les médicaments peuvent toujours avoir une bonne efficacité avec l’âge, mais les posologies doivent être adaptées».

«Ausculter, c’est primordial»

Il met en lumière un fait peu connu : «le toucher est l’organe sensoriel qui vieillit le moins vite». Quant au cerveau, son bon fonctionnement repose sur une stimulation régulière : «le cerveau ne s’use que si on ne s’en sert pas». Et il ajoute : «l’isolement tue, on doit s’efforcer de rester en phase avec le monde, rester en relation, en affect».

Sur le sujet des déserts médicaux, il rappelle l’ampleur du problème : «c’est un enjeu national. 50 % des Français ont déjà renoncé à des soins au cours des cinq dernières années pour des raisons de disponibilité». Si la télémédecine peut apporter des réponses partielles, elle ne remplace pas tout : «la télémédecine a des intérêts mais montre aussi ses limites. Ausculter, c’est primordial pour certaines pathologies».

Enfin, il conclut avec une perspective d’action : «le modèle des prestations doit évoluer, on doit y travailler. Notre enjeu, c’est la santé publique».