Session Chambre : Retour sur une année marquée par de nombreux défis

Alors que la colère des agriculteurs monte dans le département, Nicolas Pérotin a présenté, jeudi 27 novembre, un bilan d’une année 2025 particulièrement éprouvante pour les éleveurs et les céréaliers, lors de la dernière session de la Chambre.

Dans un paysage agricole secoué par les difficultés, «l’ambiance reste lourde ; nous voyons des situations d’exploitants très tendus», a déclaré Nicolas Pérotin, jeudi 27 novembre, lors de la dernière session Chambre de l’année.
Il rappelle que si «l’élevage présente des cours corrects», la situation sanitaire demeure «très complexe depuis deux ans». Côté grandes cultures, le constat n’est guère plus encourageant : «trois années difficiles pour les céréales, entre l’effet ciseau de 2023, les faibles rendements de 2024 et la baisse des prix en 2025».

Des finances saines

Pour autant, le bilan de la Chambre se veut encourageant : les finances restent solides, avec un budget légèrement positif et un résultat 2025 qui devrait atteindre 205.000 € pour un budget global dépassant les 7 M€.
«C’est le fruit d’un travail quotidien de maîtrise des coûts, de maintien du service et de développement des prestations. Cela exige une véritable performance, afin de répondre aux attentes de nos clients comme de nos financeurs», souligne le président de la Chambre d’agriculture.
Nicolas Pérotin alerte cependant sur plusieurs incertitudes : «Le budget national non voté, la suppression de participations de l’État -dans le cadre d’un bras de fer avec Bercy-, ou encore diverses contraintes organisationnelles. S’ajoute également la remontée au niveau national de la TAFNB (Taxe additionnelle à la taxe foncière sur les propriétés non bâties), dont les bases et les taux diffèrent fortement d’un département à l’autre, ce qui créerait d’importantes disparités. Nous nous y opposons naturellement. Mais ces discussions nationales laissent en suspens près de 25 M€ liés à ces prélèvements».
«Ces budgets nous permettent d’investir, ce qui est essentiel», insiste encore le président : «la construction de nouveaux locaux sur le site des Roises, avec démolition du bâtiment existant». Ce projet, mené en partenariat avec la CCI 52-55 et la SAFER Grand Est, prévoit l’acquisition du terrain prochainement et un emménagement prévu pour 2029. Autre projet : le démonstrateur Racam. Deux robots autonomes, un pulvérisateur intelligent avec Ia, de la vraie data en condition réelle. Décidé en 2024, mise en œuvre en 2025 grâce au Conseil régional et au GIP Objectif Meuse. Une visite sera organisée en 2026 avant le Champ des Robots en 2027.

Mise au point sur le rapport de la Cour des Comptes

Nicolas Pérotin, a profité de la session pour faire le point sur le rapport de la Cour des Comptes publié le 1er octobre sur le fonctionnement des Chambres d’agriculture, qu’il juge «globalement positif». «Le rapport identifie des axes d’amélioration, mais rien qui justifie les polémiques médiatiques récentes», a-t-il déclaré.
Selon lui, «comme dans toute organisation, certains départements peuvent rencontrer des difficultés financières, d’organisation ou de fonctionnement. Cela existe dans tout réseau et il faut y remédier. L’important est de traiter ces situations localement, sans jeter l’opprobre sur l’ensemble de l’institution».
Il a également dénoncé «une certaine presse qui relaie des informations tronquées et partielles, sur un ton polémique, pour alimenter une machine à buzz».
Il a toutefois salué le travail quotidien avec les services de l’État, en présence du préfet Xavier Delarue : «je tiens à souligner le travail mené avec les Préfets et les services départementaux, chacun dans leur rôle, avec la confiance nécessaire pour expliquer et résoudre les situations compliquées sur le terrain».

Simplification, souveraineté alimentaire, Mercosur…

Malgré des promesses forts -simplification des démarches, priorité nationale à l’agriculture et souveraineté alimentaire- Nicolas Pérotin a dressé le bilan : «la PAC post-2027 est annoncée à – 20 %. Si c’est ça l’ambition pour l’agriculture, cela nous inquiète. Nous avons besoin d’une PAC qui structure et soutient les exploitations, pas qui les freine. Le droit à l’erreur promis se résume surtout à modifier sa PAC jusqu’au 20 septembre. Le vrai droit à l’erreur, lui, est rarement accordé», a-t-il expliqué.
Le président de la Chambre se montre également critique sur le dossier du Mercosur. «On nous souffle le chaud et le froid. Même sur les clauses miroir, l’Europe prévoit d’indemniser les pays pour qu’ils s’adaptent à nos réglementations… C’est une manière de “faire passer la pilule”», ironise-t-il.
Le renouvellement des générations reste également au cœur des préoccupations. Le futur guichet France service agriculture (FSA) suscite des interrogations (voir ci-dessous «Ils ont dit»).
Quant au loup, il continue de poser problème en Meuse. «Plus de 120 brebis ont été prédatées dans le département, 1.000 dans la région (Ardennes, Haute-Marne, Meuse, Vosges), 17 cas avérés ou suspects et 19 communes touchées», détaille Nicolas Pérotin. Pour lui, les clôtures réglementaires «ne correspondent pas à la réalité du terrain» et la ligne est claire : «il n’y a pas de cohabitation possible !»
La Chambre d’agriculture finance des tests Adn afin de suivre les populations de loups. Les premiers résultats montrent que les effectifs seraient plus importants qu’attendu, alors que quatre individus ont été identifiés ou sont suspectés à ce jour.
En fin de session, Thierry Juszczak, conseiller innovation à la Chambre d’agriculture de la Meuse, a dressé un tableau des impacts du changement climatique d’ici 2100 : stress thermique, érosion des sols, pression accrue des maladies, sécheresses et risques d’incendies ou d’inondations, autant de facteurs qui accentueront la variabilité des rendements. Camille Souhard (FranceAgriMer) a complété cette présentation en évoquant les enjeux futurs pour les grandes cultures.

Ils ont dit

Hubert Basse
Point sur le guichet France service agriculture
«La Meuse fait partie des trois départements test, avec la Marne et la Haute-Marne, sur la transmission grâce au nouveau dispositif FSA (France services agriculture)», a indiqué Hubert Basse, élu à la Chambre d’agriculture. Entre le 1er janvier et le 30 juin 2026, la Meuse accompagnera des porteurs de projet afin d’expérimenter le dispositif. En partenariat avec les centres de gestion, la Safer, la Msa, Bio Grand Est et les Jeunes Agriculteurs, l’objectif sera «d’identifier ce qui fonctionne et ce qui doit être amélioré avant sa mise en place officielle le 1er janvier 2027».


Rodrigue Jacquot
Vigilance sur la grippe aviaire et la DNC
L’épidémie de grippe aviaire a fortement frappé les grues cendrées et n’a pas épargné les volailles, accentuant la tension sanitaire dans la Meuse. Mais «grâce à la vigilance de tous, au travail mené depuis plusieurs années sur la biosécurité et l’impact des migrations, ainsi qu’aux investissements réalisés, nous n’avons pas eu de cas dans les élevages en Meuse et très peu en Grand Est», a tempéré Rodrigue Jacquot, vice-président de la Chambre d’agriculture. En cas de foyer, la perte s’élèverait à 3 € par volaille, après indemnisation. La DNC (Dermatose nodulaire contagieuse), autre épidémie à surveiller, inquiète également : «l’hiver qui arrive devrait nous aider à contenir la maladie. Mais même si nous ne sommes pas touchés ici, il faut rester très vigilants sur les déplacements et transferts d’animaux», avertit Rodrigue Jacquot. La vaccination pose elle aussi problème pour les éleveurs. «Les produits issus d’animaux vaccinés ne sont plus exportables pendant près d’un an. Modifier la réglementation européenne serait nécessaire, mais ce n’est pas gagné…», souligne-t-il.

Signature d’une convention CDA/MSA

Mickaël Jacquemin, nouveau président de la MSA Marne–Ardennes–Meuse, est intervenu lors de la session de la Chambre pour rappeler les enjeux du guichet unique et tirer la sonnette d’alarme sur la situation économique critique que traverse aujourd’hui le monde agricole. Il a également insisté sur l’importance de renforcer la détection des signaux faibles liés au mal-être des agriculteurs, soulignant l’existence du dispositif national PEC, destiné à accompagner les exploitants en difficulté dans le paiement de leurs cotisations sociales. À l’issue de cette intervention, une convention entre la MSA et la Chambre d’Agriculture, axée notamment sur le renouvellement des générations, a été signée par Nicolas Pérotin et Mickaël Jacquemin.