Quand la FDSEA interpelle le chef de l’Etat

Crise de l’élevage, importations, réglementation phytosanitaire… Le président de la FDSEA de la Meuse a saisi l’occasion d’une venue présidentielle pour alerter Emmanuel Macron sur la situation critique du monde agricole local.

Lundi 19 mai, à l’occasion d’un déplacement présidentiel à Ligny-en-Barrois pour le lancement de la session nationale «Choose France», Emmanuel Macron a accordé un moment d’échange à Jean-Guillaume Hannequin, président de la FDSEA de la Meuse.

Une rencontre inattendue mais stratégique

Un entretien bref mais intense, que le responsable syndical a su transformer en véritable opportunité pour porter la voix des agriculteurs meusiens. Bien que non prévue à l’agenda présidentiel, cette entrevue a pu avoir lieu grâce à la ténacité de Jean-Guillaume Hannequin et à la mobilisation de son réseau, déterminés à saisir cette occasion rare d’interpeller directement le chef de l’État.
Après plus d’une heure d’échanges avec les collaborateurs du président de la République, le syndicaliste meusien a finalement pu s’entretenir avec Emmanuel Macron directement, sur le terrain de football du village, quelques minutes avant son départ.
«Tous les sujets ont été abordés», a-t-il confié le lendemain par téléphone, visiblement satisfait d’avoir pu discuter avec «un président qui suit ses dossiers et qui comprend vite».

Une loi très attendue

Le président de la FDSEA a particulièrement insisté sur l’importance de faire avancer la proposition de loi Duplomb-Menonville. «Il faut que ce texte aboutisse», a-t-il martelé. Il a alerté Emmanuel Macron sur les réticences exprimées par plusieurs députés Renaissance, ainsi que sur l’attitude qu’il juge incohérente de l’ancien ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, qui a déposé plusieurs amendements à un texte pourtant issu des engagements du gouvernement Attal, alors même qu’il en était membre.
Interpellé par le chef de l’État sur le contenu principal de la loi, Jean-Guillaume Hannequin a répondu sans hésiter : «toute la réglementation phytosanitaire». Selon lui, «tout le monde est déjà engagé dans le processus», et il est essentiel de «ne pas ajouter de nouvelles contraintes aux agriculteurs». L’eau, tout comme la question de l’Office français de la biodiversité (OFB), dont il estime qu’il «doit être désarmé» sont également des enjeux majeurs.
Jean-Guillaume Hannequin a aussi abordé la FCO (Fièvre catarrhale ovine) et les pertes importantes, directes comme indirectes, qu’elle entraîne. «En Meuse, l’élevage est un enjeu majeur. Nous assistons à une véritable décapitalisation, avec des conséquences économiques lourdes pour toutes les filières qui en dépendent. Dans notre zone intermédiaire, on ne peut pas se permettre d’ignorer ce sujet», a-t-il souligné. Il a ainsi proposé la création d’un crédit d’impôt spécifique pour les éleveurs, afin de soutenir cette filière en difficulté.
Autre sujet de préoccupation : les importations de blé ukrainien, qui ne sont pas soumises aux clauses de sauvegarde européennes. Selon lui, cette situation provoque une baisse des prix au port de Metz : «c’est un problème de géopolitique, et nous, les agriculteurs, devenons une variable d’ajustement», déplore-t-il. Il a aussi fait part de ses inquiétudes sur les incertitudes liées aux engrais et aux quotas européens : «on est dans l’inconnu».

Des enjeux locaux qui ne doivent pas être oubliés

Le président de la FDSEA n’a pas manqué d’évoquer les problématiques locales : «l’Élysée ne peut pas tout savoir», a-t-il rappelé. Il a ainsi mis en lumière les attaques de loups, qui sont un «choc psychologique immense pour les éleveurs», particulièrement dans une zone non montagneuse comme la Meuse. Il plaide pour des solutions adaptées au territoire, comme le prélèvement ciblé.
Enfin, concernant la chasse et les dégâts de gibier, Jean-Guillaume Hannequin est sans détour : «c’est une catastrophe depuis vingt-cinq ans. L’État doit reprendre la main sur le schéma cynégétique».
Satisfait d’avoir pu interpeller le chef de l’État, il espère désormais que ce dernier, reparti avec des dragées de Verdun, «entrera rapidement dans le jeu et ne passera pas à côté de tous ces sujets».