Quelques jours avant la reprise du débat à l’Assemblée nationale sur la levée des contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur, Annie Genevard, ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, s’est rendue en Meuse. Au programme de la journée : la visite de l’EPL Agro de la Meuse, la découverte d’une exploitation agricole familiale diversifiée et une réunion de travail avec les représentants syndicaux et les élus locaux.
Quelques jours avant le retour du débat à l’Assemblée nationale sur la levée des contraintes pesant sur l’exercice du métier d’agriculteur, la ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, Annie Genevard, s’est rendue en Meuse, le jeudi 22 mai. Un déplacement loin d’être anodin, puisque c’est dans ce département que siège Franck Menonville, sénateur et co-rapporteur de la proposition de loi en question.
Si la visite ministérielle était principalement centrée sur les thématiques de la formation, l’alimentation et la diversification agricole, le sujet de la PPL «entrave» a régulièrement été évoqué au cours des échanges.
Valoriser les circuits-courts
Après la visite d’une exploitation agricole biologique en Moselle, la délégation s’est rendue à Bar-le-Duc, où elle est arrivée à 15h10 à l’EPL Agro de la Meuse. Accueillie par le préfet Xavier Delarue, la ministre a visité avec grand intérêt cet établissement public local d’enseignement et de formation professionnelle agricole, avant de rencontrer des élèves (lire encadré).
Composé de plusieurs centres de formation et d’une exploitation en polyculture-élevage, l’EPL Agro dispose également d’un hall alimentaire récemment rénové. Cet espace joue un double rôle : il sert de support pédagogique pour les apprenants tout en faisant office d’atelier de transformation. Grâce à ce dispositif, les agriculteurs bénéficient d’un service leur permettant de valoriser leurs productions et de développer leurs ventes en circuits courts.
Après un passage obligatoire par le vestiaire, la ministre et la délégation ont été accueillies par Brigitte Elvers, responsable du hall alimentaire. Celle-ci leur a présenté les différents ateliers de transformation, allant de la découpe de carcasses à la fabrication de saucissons, en passant par la mise en pot de crèmes au chocolat.
«Un modèle vertueux»
La visite s’est ensuite poursuivie à la ferme du Val d’Ornain, à Longeville-en-Barrois, une exploitation familiale emblématique de la diversification agricole. Alliant élevage bovin et équin, production de fruits et légumes, fabrication de glaces artisanales et accueil du public, cette ferme illustre parfaitement la résilience et l’innovation du monde agricole.
Annie Genevard a été accueillie par Jérôme Philippe, son épouse Céline et son frère Nathan, qui lui ont présenté leur exploitation familiale. Passée d’un robot de traite à une salle de traite traditionnelle, la ferme compte aujourd’hui 65 vaches laitières, avec l’ambition d’augmenter progressivement le cheptel. La ministre a également visité l’atelier de fabrication de glaces artisanales, «haut de gamme et riches en fruits locaux produits sur place» selon les producteurs, et a pu apprécier la dégustation.
Le lait de la ferme est en partie valorisé par la fromagerie Dongé, réputée pour son brie de Meaux régulièrement primé. Installés depuis 2021, les jeunes exploitants mènent également un projet d’agroforesterie, replantant haies et arbres afin de renforcer la biodiversité et d’améliorer la résilience de leur système agricole.
«Cette exploitation en polyculture-élevage est un modèle vertueux, un exemple de ferme familiale portée par des éleveurs passionnés et engagés, à la conquête de nouveaux marchés et de nouvelles opportunités», s’est réjouie la ministre à l’issue de la visite.
La journée s’est conclue par une réunion de travail réunissant les représentants syndicaux, ainsi que les élus des coopératives et du monde agricole local.
La ministre à l’écoute des jeunes
A son arrivée à l’Epl Agro, la ministre a été accueilli par six élèves en BTS ACSE, tous passionnés d’agriculture mais aux profils différents. Maxime compte s’installer sur l’exploitation familiale sur une ferme 100 % herbagère qui a des problème de main-d’œuvre. Romane souhaite poursuivre ses études en école d’ingénieur, Aymeric a pour projet une installation grâce à un projet de diversification en poules pondeuses. Marion espère suivre des études dans le domaine du droit. Gauthier, qui est non issu du milieu agricole, opte plutôt pour une licence en gestion et management. Quant à élia, elle espère pouvoir s’installer mais la démarche est plus compliquée car elle n’est pas issue du milieu agricole. La ministre l’a rassurée lui disant que «c’est possible de s’installer». Les élèves ont ensuite présenté la vidéo primée lors des derniers Trophées de l’agriculture, consacrée à la place des femmes dans le monde agricole. «Il est extrêmement important que la profession se féminise. C’est une source essentielle de renouvellement des générations», a souligné la ministre, en réaffirmant l’ambition de former 30 % d’apprenants supplémentaires.